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géographiques, ou orientations, soient sur les cartes marines d’une exactitude absolue. Au contraire, pour le voyageur terrestre, la connaissance des orientations est tout à fait secondaire ; et, même sur nos meilleures cartes topographiques, ces orientations, — du moins en ce qui concerne les détails, les routes par exemple, — sont souvent affectées d’erreurs sensibles dont les terriens ne s’aperçoivent pas, mais qui frappent vivement les hydrographes quand ils comparent leurs travaux à ceux de leurs collègues de l’Etat-major.

Inutile d’ajouter que, sur les cartes marines plus encore que sur toute autre espèce de cartes, les points susceptibles d’être relevés de la mer doivent former une figure rigoureusement semblable (au sens géométrique du mot) à celle que ces points affectent sur le terrain ; sans quoi, les relèvemens ne se couperaient pas au même point et formeraient un triangle, — ce qu’on appelle en argot maritime un chapeau, — qui peut être pour le marin une cause d’incertitude ou même d’erreur. Or toute erreur, en navigation, peut produire un désastre.

Enfin il entre dans les cartes marines un élément essentiel qui ne remplit qu’un rôle accessoire dans les cartes terrestres. Sur celles-ci la forme du terrain est représentée par des hachures qui représentent le relief général du sol, avec, en plus, quelques cotes sur les sommets pour indiquer les altitudes.

Le relief du sol terrestre intéresse peu le marin. Il suffit que la carte lui représente le pays dans ses grandes lignes telles qu’il les voit de la mer, de manière à lui faciliter la reconnaissance de la partie de côte sur laquelle il atterrit. Mais le relief du sol sous-marin lui importe essentiellement. Il a besoin de savoir si, sur la route qu’il veut suivre, il trouvera toujours la quantité d’eau nécessaire pour passer, eu égard aux conditions de marée, de houle et au tirant d’eau de son navire. De là ces nombreuses cotes ou sondes qui donnent aux cartes marines un aspect si différent des cartes terrestres.


II

Comment arriver à déterminer la position exacte sur la carte de chacune de ces sondes, de celles au moins qui correspondent à des dangers que les navires doivent à tout prix éviter ? Tel est le problème qui s’est tout d’abord posé à l’attention des