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proportion de la partie dissociée ne dépasse pas 10 pour 100 de la masse totale. La solution aqueuse contient donc en certaine proportion des cations H, des anions C2H3O2 (reste d’acide ou acétyl) et enfin des molécules entières d’acide acétique (C2H3O2 H). Si l’on ajoute de l’acétate de soude (C2H3O2Na), c’est-à-dire un sel neutre dont on sait, par ailleurs, qu’il est fortement dissocié en ions Na et ions acétyl, on augmentera considérablement le nombre des ions acétyl qui tout à l’heure équilibraient avec les ions il les molécules intactes d’acide acétique. La quantité des cations hydrogène devra donc diminuer par compensation ; un certain nombre d’entre eux se combineront avec un nombre égal d’ions acétyl pour régénérer des molécules ordinaires d’acide acétique.

On aperçoit assez facilement la raison d’être de cette hypothèse et sa fécondité. On voit qu’elle est introduite pour permettre de prévoir les réactions chimiques qui s’accomplissent dans les solutions des sels, des acides et des bases, réactions où les ions ont un rôle à remplir L’application de cette loi des concentrations permet, en particulier, de suivre de près le jeu réciproque des ions et des molécules dans les phénomènes relatifs à la neutralisation des bases par les acides.


IV

La théorie des ions est une très belle construction, mais elle est compliquée et très composite. Sa solidité tient à l’inextricable agencement de ses pièces. Les hypothèses y sont nombreuses. Il n’en est aucune qui soit gratuite. Toutes subissent l’épreuve de la vérification à quelque moment. On peut regretter seulement qu’elles ne soient pas toujours expliquées suffisamment et que les nouvelles s’ajoutent aux précédentes en cours de route. Il serait utile aussi que les justifications expérimentales destinées à légitimer l’une quelconque de ces hypothèses ne fussent pas solidaires de la légitimité supposée des autres. Dans ses belles leçons de chimie physique, M. Victor Henry a démêlé avec beaucoup d’esprit critique ces enchevêtremens. Il met à nu, dans son étude sur la théorie des ions, les cinq hypothèses superposées, qui en forment l’ossature et il en présente avec netteté les vérifications expérimentales. Il ne nous est pas possible de suivre ce magistral exposé. D’ailleurs, nous n’avons pas pour objet la théorie même des ions, mais seulement l’une de ses applications, celle qui est relative à la détermination de la basicité et de l’acidité des composés chimiques.