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Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 28.djvu/345

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toutes sortes qui, indirectement, en profitent. Aussi, à cette heure, toutes les nations étrangères connaissent nos grandes marques, les apprécient, et c’est l’opinion unanime que le -dernier Salon de l’Automobile-Club de France a été, pour l’industrie française, un succès sans précédent.

Est-ce à dire, pour cela, que toutes les innovations, même les plus légitimes, que l’on attendait des constructeurs français s’y sont trouvées représentées ? Un sportsman fervent, un des premiers pionniers de la traction automobile, M. É. Archdeacon, est loin d’être de cet avis :

Il semblait, écrit-il dans la Vie automobile, que ceux qui, chez nous, abandonnaient le cheval pour le moteur à pétrole, auraient à cœur, avant tout, d’être véhiculés sûrement, commodément, vite et, en même temps, à bon marché ; que, par conséquent, toute innovation, avant d’être rejetée, serait sérieusement examinée. C’est le contraire qui, dans bien des cas, s’est produit, et, depuis plusieurs années, les constructeurs français qui ont essayé de faire adopter à leur clientèle des véhicules rationnels, fondés sur une saine conception des services que l’on doit demander à un automobile, n’ont que trop souvent complètement échoué.

Ainsi, depuis longtemps, nombre d’entre eux ont essayé d’imposer le moteur horizontal, dont les réactions sont infiniment moins sensibles que celles du moteur vertical ; l’horizontalité était même tout indiquée pour les voitures à moteur mono ou bicylindrique. D’autres, dès le début, ont placé le moteur à l’arrière ou sous le véhicule, ce qui convenait particulièrement aux voitures à entrées latérales dont cette disposition réduisait l’« empattement » au minimum. Quelques-uns désiraient mettre les leviers du frein et du changement de vitesse sous le volant de direction, faisant remarquer que, dans ces conditions, ces leviers ne barreraient plus le passage au conducteur quand celui-ci veut prendre place, et que, de plus, cette disposition est surtout avantageuse pour des voitures destinées à être conduites de l’intérieur. Notre public n’a rien voulu entendre.

De même, quand on a essayé de réduire au minimum l’ « encombrement » du moteur, de façon à laisser dans la voiture le plus de place possible aux voyageurs, la clientèle a immédiatement protesté, car la mode exige, actuellement, que le moteur soit à quatre cylindres au moins, et d’un encombrement énorme