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autres condamnés qui, graciés au lieu d’être amnistiés, sont rentrés en France en faisant du tapage. Nous ne plaignons pas les avocats ou le membre de la Légion d’honneur qui ne seront pas rétablis sur le tableau de l’ordre. Nous ne plaignons pas l’officier général qui a été justement frappé, mais que le gouvernement peut d’ailleurs remettre en activité en dehors de toute amnistie, s’il en a le courage. Toute cette affaire a été mal imaginée, mal introduite, mal conduite. On y a par trop lourdement senti la main d’une association puissante qui s’est emparée de celle du gouvernement et qui l’a dirigée. C’est parce qu’il y avait de l’irritation dans l’air que la parole de M. Lasies, agressive sans doute, mais pas beaucoup plus qu’à l’ordinaire, a déchaîné l’orage. La Chambre s’est séparée sous le coup de ces émotions violentes : espérons qu’elle trouvera dans la paix de la province un peu de repos, de calme et de véritable apaisement.

Nous n’avons pu parler, il y a quinze jours, que d’une manière très brève des notes qui venaient d’être échangées entre le gouvernement allemand et le gouvernement français : elles ne nous ont été connues qu’au dernier moment. Depuis, elles ont été l’objet, dans tous les journaux, de commentaires si nombreux qu’il est devenu difficile d’en rien dire de nouveau. Peut-être, cependant, n’est-il pas inutile d’appeler l’attention sur deux des dispositions qu’elles contiennent, et qui sont de nature à produire dans l’avenir des conséquences encore mal déterminées, mais graves. Il aurait été certainement préférable que ces deux dispositions ne fussent pas contenues dans ces notes. Si M. Rouvier les y a admises, c’est sans doute qu’il n’a pu faire autrement. Aussi n’y a-t-il dans notre pensée aucune intention de critique ; mais enfin il faut bien constater les faits tels qu’ils sont et en apprécier le caractère. Le seul reproche que nous ayons à faire à notre gouvernement est de s’être mis, par la brutalité avec laquelle M. Delcassé a été renversé, un peu trop à la discrétion de l’Allemagne, qui a compris alors qu’elle pouvait beaucoup exiger de nous : et, en effet, elle a exigé beaucoup.

La première des dispositions qui éveille nos appréhensions a frappé ici immédiatement tous les esprits prévoyans : c’est celle qui décide que les réformes de police et les réformes financières à introduire dans l’empire chérifien seront réglées, « pour une courte durée, » au moyen d’un accord international. Pourquoi ne le seront-elles que pour une courte durée ? On comprend qu’elles ne le soient pas d’une manière définitive, et en quelque sorte no varietur. Il est naturel que les puis-