Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 28.djvu/867

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trouve écrit, et non pas d’après ce qui aurait pu être écrit, » le droit de la Norvège à avoir des consuls norvégiens apparaît entier et incontestable. Il est vrai qu’ « au début de l’Union, pour des raisons pratiques, la Norvège trouva utilité à se servir, jusqu’à nouvel ordre, comme consuls des mêmes personnes que la Suède, en faisant usage de l’autorisation, accordée par l’article 92 de la constitution, de nommer des étrangers, consuls de Norvège[1] ; » — mais justement, les Suédois étaient des étrangers, et, par conséquent, on pouvait les nommer consuls de Norvège, « pour des raisons pratiques » et, « jusqu’à nouvel ordre, » sans abandonner ni affaiblir en quoi que ce soit le droit, pour la Norvège, quand elle ne trouverait plus utilité à se servir des mêmes personnes que la Suède, d’avoir des consuls bien à elle, des consuls norvégiens qui ne fussent que norvégiens. Ce droit, au contraire, la Norvège l’a toujours affirmé et maintenu énergiquement, par exemple en 1847, dans une controverse à ce sujet avec la Suède. Vainement la Suède, à plusieurs reprises, a tenté de lier l’une à l’autre la question diplomatique et la question consulaire ; sans céder d’ailleurs ni sur l’une ni sur l’autre, la Norvège a toujours répondu que c’étaient deux questions différentes, dont chacune devait être considérée à part et en soi, telle ou telle solution donnée à l’une n’entraînant nullement la même solution pour l’autre, et la direction des affaires étrangères pouvant être commune à la Suède et à la Norvège, quoiqu’il y eût, par hypothèse, des consulats particuliers de Suède et des consulats particuliers de Norvège ; de toute manière, l’argument tiré, pour la diplomatie, de la nécessité d’une direction unique (et aussi de l’indivisibilité de la souveraineté), cet argument ne portait pas, était sans force pour le service consulaire.

Ici encore, je veux dire dans cette querelle, la revision suédoise de 1885, qui plaçait le ministre des Affaires étrangères de Suède, chef depuis 1858 du service consulaire commun, sous le contrôle et dans la dépendance du Parlement suédois, et de ce Parlement seul, une pareille mesure eut une importance capitale. La Norvège répliqua en adoptant, dès 1891, « le principe

  1. Fridtjof Nansen, la Norvège et l’union avec la Suède, 67. — Voyez aussi l’Union entre la Suède et la Norvège, publication du journal Nya Dagligt Allehanda, de Stockholm ; et le Conflit suédois-norvégien sur la question du ministère des Affaires étrangères et des consulats, par un membre de la Diète suédoise ; ces deux brochures, à Paris, chez Per Lamm.