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sur des bases absolument libres, en reconnaissant entièrement, sans réserves ou délimitation d’aucune sorte, la souveraineté de chacun des royaumes ; elles devront comprendre également, conformément à ce qui se fit en 1898, l’organisation, proposée du côté norvégien, d’une direction des affaires étrangères séparée pour la Norvège et pour la Suède, dans les formes jugées nécessaires pour chacun des royaumes, afin de veiller à ses devoirs et à ses intérêts.

« Conformément à ce qui précède, on devrait en outre être d’accord que, si ces nouvelles négociations, elles aussi, ne devaient aboutir à aucun résultat, on ne reviendrait pas au statu quo et au maintien de l’état de choses insoutenable dans lequel se trouvent actuellement les affaires unionnelles. Il faudrait que l’on fût étroitement lié par une clause établissant que les rapports existant actuellement ne seront pas, pour les royaumes, un empêchement à l’exercice de leur souveraineté, mais qu’ils seront libres, chacun pour soi, de déterminer les formes futures de leur existence nationale. Car ce n’est pas une union fondée sur la contrainte, mais ce sont seulement la confiance réciproque et la sympathie qu’ont l’une pour l’autre deux nations libres et indépendantes, qui peuvent assurer l’avenir des deux peuples, l’indépendance et l’intégrité des deux royaumes[1]. »

Et le gouvernement suédois aurait éprouvé, le 7 juin, « une douloureuse surprise ! » Mais n’avait-il pas dit au mois d’avril : « Le ministère norvégien repoussant maintenant l’idée d’entamer de nouvelles négociations avant qu’un service consulaire séparé pour la Norvège soit créé, et établissant, en vue de nouvelles négociations éventuelles, des conditions incompatibles avec l’union et l’acte d’union, il est clair que des négociations sur les bases indiquées ne peuvent pour le moment être entreprises avec utilité[2] ? » L’ayant dit, ne s'était-il pas entendu répondre, par les ministres norvégiens présens, que « le but de la Norvège n’est pas d’obtenir la dissolution de l’union existant actuellement. D’autre part, on croit devoir maintenir qu’une telle dissolution est autorisée, et que des négociations qui, après que les autorités d’État y ont acquiescé, mettent en avant une éventualité de ce genre, sont conciliables avec l’acte d’union. »

C’est ainsi qu’on parlait en style officiel, de gouvernement à

  1. Réponse du gouvernement norvégien (25 avril 1905). Voyez Nansen, p. 94-95.
  2. Ibid., p. 95.