Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 28.djvu/890

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

éclaire toutes les faces, montrant quel but moral élevé les jeunes doctoresses ont généralement devant les yeux lorsqu’elles s’adonnent à la profession médicale. La plupart d’entre elles ont un idéal religieux, profondément fixé en leur cœur. Aussi, sur 407 doctoresses sorties de l’École depuis la fondation, 96, soit près du quart, ont voué leur vie et leur science acquise aux missions évangéliques. Les autres ont suivi leurs aptitudes spéciales. Plusieurs sont chirurgiennes et de renom. Leur avenir s’éclaircit chaque jour. Depuis les difficultés rencontrées devant les jurys du royaume entier par les premières étudiantes, difficultés aussi grandes que celles qui accueillirent les premières sages-femmes en 1877, l’esprit s’est dégagé, dans le pays, des étroits préjugés qui leur faisaient obstacle. La femme médecin a maintenant en Angleterre sa place au soleil, il est à croire qu’elle en profitera de plus en plus.

J’ai fait une seconde visite à leur hôpital de Gray’s Inn Road. Et j’ai pu rencontrer Mrs S…, une « lady-surgeon » de grande réputation. Sa méthode opératoire fait école. Elle a nombreuse clientèle et ses leçons de gynécologie au Royal Free Hospital sont assidûment suivies. Les postes de chef de clinique sont ici remplis par des femmes. En ce moment, l’affiche indique deux vacances : pour la chaire de professeur de pathologie, 75 livres par an d’appointemens, et pour la suppléante aux mêmes fonctions, 25 livres.

Au nouvel hôpital de Euston Road, exclusivement tenu par des femmes, on fait aussi de bonne chirurgie. Peu de lits, — 52 seulement, — mais un grand nombre de consultations externes. Lorsque j’y suis entrée, l’autre jour, la salle était pleine de femmes et d’enfans, — les malades donnent 6 pence (0 fr. 60) par consultation et reçoivent les médicamens nécessaires. Le petit hôpital est joli : un carrelage d’un bleu particulier forme le revêtement des murs dans presque toute la maison et fait plaisir aux yeux.


Un jeudi de ce mois je me suis rendue à l’hôpital Saint-Thomas. Une succession de jolis pavillons, avec des airs de petits châteaux, tous semblables, reliés entre eux invisiblement par des passages souterrains. La pittoresque rangée fait face à l’abbaye de Westminster, qui se mire dans la Tamise, sur la rive opposée.