Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 28.djvu/914

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
Á PROPOS DU PACIFISME

CORRESPONDANCE


I
LETTRE DE M. FRÉDÉRIC PASSY

A MONSIEUR BRUNETIERE, Directeur de la Revue des Deux Mondes.

MONSIEUR,

J’apprends, un peu tard (je ne suis presque plus de ce monde), que vous m’avez fait l’honneur inattendu, à moi et à quelques-uns de mes amis, d’occuper de nous, pendant près de vingt pages, l’importante Revue que vous dirigez.

Vous ne nous avez pas, il est vrai, étouffés sous les fleurs. Ce n’est pas un panégyrique, c’est un réquisitoire, un acte d’accusation en bonne et due forme que vous avez cru devoir, de votre meilleure encre (et l’on sait si votre encre est bonne ! ), libeller contre nous, contre nos idées, et aussi contre nos personnes.

Nous aurions tort de nous en plaindre. Il n’est pas donné à tout le monde d’éveiller publiquement, à son détriment ou à son profit, l’attention d’un homme tel que M. Brunetière, membre de l’Académie française, et directeur de la Revue des Deux Mondes ; et, quand on croit à la bonté d’une cause, on redoute moins pour elle l’hostilité que l’indifférence. L’attaquer, c’est provoquer en sa faveur la réflexion et l’étude. Tout accusé, d’ailleurs, devant toute juridiction, a toujours le droit de présenter sa défense. Je ne vous fais point l’injure, monsieur, de douter que vous n’attendiez la nôtre.