Les Pénates sauvés des flammes ; le navire
Que des bords Phrygiens un vol heureux d’oiseaux
Guidait vers le dieu Tibre au front ceint de roseaux ;
Sur une tombe étroite où chancelle l’Empire
La muse répandant à pleines mains les lys ;
Le pallium flottant et les Aigles rigides,
Et Gallus et sa gloire inscrite aux Pyramides,
Aux arbres d’Arcadie, au cœur de Lycoris !
(Prodigue de ton souffle et du sang de ta veine,
Ah ! malheureux, pourquoi nous as-tu délaissés ?
L’heure de ta revanche était pourtant certaine
Et du coup dont tu meurs nous nous traînons blessés.)
Il vous portait la grâce et la leçon des fables :
En course sur les monts, un trait mortel au flanc,
Ou, frappant de stupeur Gortyne et ses étables,
Pasiphaé furtive au col du taureau blanc !
Il vous portait la noble et sereine élégie,
Scylla, Britomartis, tous ces noms enchantés,
Les peintures d’amour, les bas-reliefs sculptés,
Et les enseignemens d’une muse assagie
Qui, dans leur nudité, ne sont pas les moins beaux :
Les fastes des consuls, les titres des tombeaux.
Et c’est pourquoi, maison au foyer plein de cendre
Qui dans l’ombre auras vu passer tant de destins,
De cœurs évanouis et de flambeaux éteints,
O bois, où tout à l’heure encore je viens d’entendre
La ramure craquer sous le plus gris des ciels,
Vous ne refusez pas un adieu triste et tendre
À ce maître d’un jour qui vous fit immortels.
Vous nous quittez un jour, ô vous muses aussi !
Dernière vanité dont nous ayons souci,
Don de tout voir en beau, de tout mettre en images,
De montrer les vieillards sous le manteau des mages
Et la jeunesse avec une rose aux cheveux ;
Don de tout transformer : en un parc merveilleux