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REVUE SCIENTIFIQUE

LA LUTTE CONTRE LA FIÈVRE JAUNE

De nouveau la fièvre jaune fait parler d’elle. Elle désole la Nouvelle-Orléans ; elle sévit au Honduras et dans l’État de Panama. Tandis que l’on célébrait l’effort victorieux de la science qui a réussi à extirper le fléau de ses domaines héréditaires, La Havane et Rio de Janeiro, voici qu’il reparaît ailleurs. Derechef il faut combattre et renouveler les exploits des Américains à Cuba et des Brésiliens à Rio.

Et cela est possible. On peut lutter aujourd’hui, avec l’espoir, avec la certitude du succès. Pendant des siècles la maladie est restée insaisissable. Les médecins n’en savaient que ce que tout le monde en voit, les signes extérieurs, les symptômes, la gravité ; ils en ignoraient l’essentiel, c’est-à-dire la nature intime et le mode de propagation.

Aujourd’hui encore, à la vérité, nos connaissances de la nature du mal sont bien rudimentaires ; nous avons peu de notions sur le microorganisme de la fièvre jaune. On a seulement établi que c’est un parasite du sang, non pas des globules comme le parasite du paludisme, mais seulement de la partie liquide, du plasma. Il est si ténu qu’il ne trouble pas la transparence des liqueurs, qu’il peut traverser la plupart des filtres et qu’il reste invisible au microscope.

Mais si l’on connaît mal l’agent morbide, le germe ultra-microscopique, cause efficiente de la maladie, on connaît bien l’intermédiaire qui la propage, l’agent qui a le monopole de sa transmission, — et cela suffit, comme on va le voir, — pour combattre rationnellement et efficacement la contagion.