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volonté. » Et comme « la faiblesse du vouloir est la grande maladie de notre époque, » la psychothérapie par la suggestion devient la panacée du jour.

Devant ce fouillis d’opinions contradictoires, dues à des hommes de premier ordre, on comprend les railleries peut-être un peu lourdes, comme dit Duprat, mais en grande partie justifiées, de Wundt : « Ces hommes croient avoir trouvé dans la suggestion non seulement un remède contre toutes les maladies morales dont nous souffrons, mais encore le grand levier du progrès de la civilisation, destiné à soulever l’humanité vers un état de perfection inconnu jusqu’alors. Ils demandent qu’on l’introduise avant toute chose dans l’éducation et l’instruction. D’après le dire des pédagogues de l’hypnotisme, pour faire de ses enfans des hommes d’une excellente moralité, on réclamera dorénavant l’hypnotiseur. Il suggérera à l’enfant d’être, à l’avenir, bon et obéissant, jusqu’à ce que la qualité souhaitée se soit suffisamment fixée dans son caractère. En cas de rechutes, on reprendra la cure suggestive. Bien mieux, il n’est pas impossible qu’avec une patience suffisante on ne perfectionne par suggestion les facultés intellectuelles. Dans tous les cas, on fait entrevoir que, dans cette voie, les méthodes d’instruction seront remarquablement facilitées et simplifiées La première connaissance qu’on exigera, dans les siècles à venir, du candidat au professorat, sera celle de l’hypnotisation… »

Que penser et que garder de toutes ces assertions contradictoires ? Faut-il donc abandonner la psychothérapie, condamner et oublier cette méthode thérapeutique ? Alors que notre thérapeutique en général est si peu riche et si souvent impuissante, faut-il rejeter ainsi tout un groupe de moyens, faciles à employer et non toxiques ?

Non. Je crois qu’il est facile de remettre les choses au point et d’éviter au traitement psychique ces excès d’honneur et ces excès d’indignité.

Il suffit pour cela de ne jamais parler de psychothérapie sans faire des distinctions entre les divers moyens psychiques, sans établir notamment dans la psychothérapie une division toute naturelle, qui correspond à la distinction des deux psychismes, qui permet par suite d’étudier à part une psychothérapie inférieure et une psychothérapie supérieure et, sans préciser pour chacune de ces médications psychiques, des indications et des