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malade une idée neuve qui détruit l’idée morbide en la remplaçant, la troublant ou la corrigeant.

Pour obtenir une action du premier genre, on endort le sujet et on lui affirme que son mal disparaît, a disparu et ne reparaîtra pas au réveil. On substitue dans son polygone désagrégé l’idée de la guérison et de la santé à l’idée morbide de la douleur, de la paralysie, de la convulsion.

On peut dans certains cas (c’est un bon adjuvant) donner un point de repère à cette suggestion en attachant la guérison à un acte spécial, à une pratique quelconque : vous serez guéri quand j’aurai frappé quatre fois dans votre main ; ou : vous boirez ce verre d’eau et serez guéri.

Pour perturber le polygone d’un malade il faut donner au sujet, dans l’hypnose, une forte émotion, peur, joie…

Enfin on peut essayer de corriger lentement, progressivement, et non plus brutalement, d’un coup, la mauvaise habitude pathologique qu’a prise le polygone du malade. On agit par une série de suggestions qui détruisent graduellement l’idée morbide dans le psychisme inférieur du sujet.

En somme, l’action thérapeutique fondamentale de la suggestion est l’action substitutive. Tout revient à l’implantation, par l’hypnotiseur, dans le polygone du sujet, d’une idée de guérison qui remplace l’idée de maladie. Si la chose se fait très vivement, c’est la méthode perturbatrice. Si elle se fait lentement, c’est la méthode correctrice.

Au fond, c’est toujours le même mécanisme d’action : le remplacement de l’idée morbide par l’idée suggérée.


Ces considérations suffisent à montrer l’étendue et les limites de l’action de cette suggestion thérapeutique.

Comme toute suggestion, la suggestion thérapeutique peut modifier la motilité, la sensibilité, les idées polygonales et même les appareils dont le fonctionnement est habituellement soustrait à la volonté.

On pourra guérir ainsi une paralysie, une convulsion, une contracture, un tic, une anesthésie, une douleur, une idée fixe, une obsession, une impulsion… On peut même diminuer ou supprimer une hémorrhagie anormale, augmenter ou ramener une hémorrhagie physiologique, diminuer une hypersécrétion morbide ou augmenter une sécrétion défaillante… On purge par suggestion.