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résultats dans les cas où son intervention est indiquée ? Quels sont les procédés de la psychothérapie supérieure ?

Voilà la grave et capitale question qu’il me reste à envisager et que je ne pourrai indiquer que rapidement dans une étude comme celle-ci[1].

Le principe de l’action psychothérapique est facile à comprendre quand on cherche à agir par les centres O sur une fonction motrice déviée par la maladie, la fonction motrice étant normalement sous la dépendance et la direction de ce centre O.

L’ataxique par exemple a sa marche automatique troublée ; son équilibre est atteint ; il arrive ainsi, par les progrès de l’incoordination, à ne plus pouvoir marcher. On peut alors par des exercices très bien réglés, dans lesquels on habitue son O à diriger les mouvemens, arriver à lui créer un nouvel automatisme de la marche.

L’ataxique réapprend à marcher avec sa volonté consciente supérieure.

De même, un tiqueur a pris la mauvaise habitude pathologique de tourner constamment la tête comme si son faux-col le gênait, ou de soulever une épaule comme pour empêcher un ballot de tomber. Le médecin habitue le malade à s’opposer par la volonté aux mouvemens automatiques morbides et à faire volontairement des mouvemens opposés à ces mouvemens morbides. Suivant l’expression de Meige et Feindel, « le tiqueur perdra peu à peu l’habitude de conserver de mauvaises habitudes. Bien plus, il prendra l’habitude de ne pas prendre de mauvaises habitudes. »

« Ce qu’on appelle psychothérapie, dit Brissaud à propos des tics, n’est autre chose qu’un ensemble de moyens destinés à montrer au patient par où pèche sa volonté et à exercer ce qui lui en reste dans un sens favorable… Le médecin se fait éducateur sans rien emprunter aux pratiques plus ou moins occultes de la suggestion hypnotique. De cela surtout il faut qu’il se défende ; car le malade doit être immédiatement prévenu que sa collaboration est indispensable… C’est donc sa propre volonté

  1. Pour le détail de ces procédés psychothérapiques, on peut consulter les ouvrages suivans, déjà cités : Jules Payot, l’Éducation de la volonté ; Dubois, les Psychonévroses et leur traitement moral ; Camus et Pagniez, Isolement et psychothérapie ; Paul Émile Lévy, l’Éducation rationnelle de la volonté ; Meige et Feindel, les Tics