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qui agira, et non l’influence personnelle de l’éducateur. » On ne saurait mieux montrer la grave différence qu’il y a, en clinique pratique, entre la psychothérapie inférieure et la psychothérapie supérieure.

La rééducation motrice des ataxiques et des tiqueurs est donc un exemple, facile à comprendre, de psychothérapie supérieure : le centre O ayant régulièrement action sur les mouvemens, on comprend que, bien dirigé, ce centre O puisse corriger des symptômes moteurs. C’est le principe de la rééducation motrice, qui est une partie de la psychothérapie supérieure.

Plus difficiles à concevoir sont les procédés à employer quand on se propose d’agir psychiquement, non plus sur un acte moteur, mais sur un acte psychique : idée, sensation, émotion morbides.

En effet, ces états psychiques ne sont pas volontaires, ne sont pas soumis à la volonté ; il est donc malaisé de comprendre qu’on puisse agir sur eux par le centre O, c’est-à-dire par la volonté.

Nous ne pensons pas à volonté à tel ou tel objet, nous ne sentons pas ce que nous voulons sentir, nous ne sommes pas maîtres de nos émotions : l’idée, la sensation, l’émotion s’imposent à nous. Comment la volonté pourra-t-elle modifier ces états psychiques qu’elle ne fait pas naître, qui ne lui sont pas soumis ?

Ainsi un malade aura l’idée d’un microbe présent partout, ou il verra partout des images qui lui déplaisent, ou il aura peur de tous les chiens : il n’est pas maître de ne pas penser à ce microbe, de ne pas voir cette image, de n’avoir pas peur de ce chien.

Vous ne pouvez pas procéder ici comme dans l’hypnose, par ordre, par injonction.

Gardez-vous de dire à ce malade : « Ne pensez plus à ce microbe, ne voyez pas cette image, n’ayez pas peur de ce chien. » Il vous répondrait : « Croyez-vous donc que je le fais exprès ? J’aimerais bien mieux ne pas avoir cette idée, cette sensation ou cette peur, mais cela m’est impossible. Cela n’est pas volontaire. Donc, ma volonté ne peut rien contre. » Et il aurait raison.

Donc, l’action directe contre un acte psychique est impossible, et il serait souvent dangereux de l’essayer : le malade aurait raison contre son médecin ; ce qui rendrait impossible toute autre tentative de psychothérapie.