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On ne peut agir psychiquement sur un acte psychique qu’indirectement. Cette action indirecte est fondée sur quelques principes qu’il faut connaître pour essayer d’atteindre ce double but : tâcher de diminuer, et ensuite de supprimer, les états psychiques morbides et, en même temps, faire naître des états psychiques normaux, qui remplaceront les premiers.

Premier principe. — On peut faire naître une idée, une sensation, une émotion, un état psychique habituellement involontaire, en faisant réaliser au sujet un acte conforme à cette idée, à cette sensation, à cette émotion.

Tout le monde sait que normalement une idée, une sensation, un état psychique, fait naître un acte, s’exprime par une volition et un acte moteur. La règle inverse, quoique moins connue, est aussi vraie.

Dans l’hypnose, vous donnez au sujet endormi l’attitude de la prière ou de la colère, vous faites naître dans son esprit des idées de prière ou de colère. L’acte provoque l’idée ou la sensation. De même, en dehors de l’hypnose.

« Dugald Stewart raconte, dit Payot, que Burke assurait avoir souvent éprouvé que la colère s’allumait en lui à mesure qu’il contrefaisait les signes extérieurs de cette passion. Est-ce que les chiens, les enfans, et même les grandes personnes qui luttent en jouant, ne finissent pas généralement par se fâcher tout de bon ? »

On rapporte, dit Lévy (citant Liebeault), que Campanella, quand il voulait connaître ce qui se passait dans l’esprit de quelqu’un, contrefaisait de son mieux la physionomie et l’attitude de cet homme, en concentrant en même temps sa pensée sur ses émotions propres.

Les mouvemens, les attitudes et les actes étant des phénomènes volontaires, voilà bien un premier moyen d’agir volontairement sur nos idées et nos sensations, un moyen de les faire naître.

Voici un second procédé, par lequel la volonté peut, grâce à l’action motrice, influer sur une idée ou une sensation déjà existantes.

Deuxième principe. — Quand nous voulons développer, accentuer, bien fixer, fortifier une idée ou une sensation, nous devons volontairement faire tous les actes qui sont conformes à cet état psychique, qui en dérivent ou qui s’y appliquent.