Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 29.djvu/383

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

En tête des bons conseils que le médecin peut donner à ce point de vue je place le suivant : quand vous êtes fatigué, avant de commencer un acte (ce qui arrive si souvent à certains neurasthéniques et psychasthéniques), ne tenez aucun compte de cette sensation, qui est tout entière faite du souvenir d’une fatigue antérieure et de l’appréhension de la voir se renouveler et qui d’ailleurs s’atténuera et disparaîtra si vous commencez courageusement et continuez résolument l’acte que vous pensiez impossible. Quand au contraire vous faites un acte depuis quelque temps, si vous sentez naître une sensation de fatigue vraie qui croît avec la continuation de l’acte, vous avez le droit de tenir compte de cette sensation après l’acte et de vous arrêter.

Dans la fixation de ces règlemens de vie, le médecin doit toujours éviter les formules vagues comme « distractions » ou « repos intellectuel. »

Ne se distrait pas et ne se repose pas qui veut. Certains névrosés, avec la meilleure volonté du monde d’obéir à leur médecin, ne se laisseront pas distraire de leur idée morbide par les spectacles les plus captivans et ne parviendront pas à arrêter le travail involontaire de leur cerveau sur une anxiété morbide.

Le médecin doit indiquer au malade comment il peut se distraire et se reposer : c’est toujours en s’occupant. On n’immobilise pas le fonctionnement cérébral ; on ne supprime pas la pensée. On ne peut que la dériver sur un sujet tout différent de celui qui préoccupe habituellement le malade.

La musique et l’histoire peuvent être la cause de la maladie de l’un et le remède de l’autre, selon que le malade sera habituellement et professionnellement un historien ou un musicien.

Le surmenage est presque toujours le résultat d’une tension trop univoque et monocorde de l’esprit. Dans toutes les professions, il faut savoir se libérer un certain nombre d’heures pour des occupations à côté, qui élargissent la culture, tout en ménageant les forces de l’écorce cérébrale.


3° Comme l’entière psychothérapie supérieure est absolument fondée sur la personnalité même du sujet et sa volonté intelligente, si on veut obtenir des résultats, il faut bien montrer au malade l’importance du but à atteindre.

Il faut lui donner le désir et l’ambition de guérir et, pour