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Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 29.djvu/384

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cela, lui montrer le but que la vie a encore pour lui, la mission qu’il a encore à remplir dans ce monde.

Un nerveux qui ne comprend pas la vie, qui n’admet pas que la vie vaille la peine de vivre, qui s’endort le soir sans vouloir penser au lendemain, avec la seule satisfaction d’avoir un jour de moins à vivre,… ce nerveux ne guérira jamais.

Le médecin doit réveiller et développer, chez son malade, les idées de devoir, de sacrifice, de sociabilité… Toutes ces grandes pensées doivent remplacer les idées morbides.

Il faut défendre au malade de se confiner dans la rumination stérile d’un passé sur lequel personne ne peut plus rien. Quelles que soient les injustices, apparentes ou réelles, des diverses destinées, chacun a toujours, pour le lendemain de sa vie, un rôle, modeste ou élevé, à remplir dans l’intérêt de ses semblables et de l’humanité.

Il faut, en d’autres termes, sortir le malade de lui-même et le tourner de plus en plus vers l’altruisme, en lui montrant que la guérison est là et uniquement là.

L’homme bien portant est un animal altruiste. L’égoïsme et l’égocentrisme sont liés à la maladie ; ce sont des causes et des symptômes de maladie. Tant qu’on reste égoïste, on n’est pas guéri et on ne peut pas guérir.

Donc, développez chez le malade la confiance en soi (qui n’est pas l’égoïsme), démontrez-lui qu’il n’est pas fini dans le monde. Aidez-le à préciser ce but, cet idéal qu’il va poursuivre et prouvez-lui qu’il a la force voulue pour l’atteindre.

Pour cela, que le malade s’habitue à regarder, parmi ses contemporains, ceux qui sont plus déshérités et plus malheureux que lui ; qu’il voie tout le bien à faire, sans jamais envier les aptitudes et les destinées d’autrui.


4o Pour appliquer ces divers procédés psychothérapiques il faut surveiller tout particulièrement le milieu dans lequel vit le malade.

Le milieu a en effet sur les névroses une grande influence. Il y a une vraie contagion nerveuse, par imitation. Les névroses à deux et les névroses en troupe sont très fréquentes.

Les parens qui entourent les nerveux sont souvent eux-mêmes des nerveux. Même quand ils ne le sont pas ou croient ne pas l’être, ils constituent pour la névrose plutôt un « bouillon