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Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 29.djvu/426

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donnent à cette longue façade de 650 mètres, dont ils rompent la monotonie, plus d’élévation et plus d’élégance ; ils précisent le caractère de triomphe et d’apothéose que Louis le Grand avait entendu imprimer à sa solennelle résidence. Une modification qui, croyons-nous, ne serait pas moins heureuse consisterait à rétablir les grandes perspectives du parc, telles qu’elles existaient jusqu’au règne de Louis XVI. Qu’on laisse les voûtes en arceaux qui sont fort belles dans les allées latérales, mais que l’on supprime, sur le Tapis vert, par exemple, les arbres plantés en avant des charmilles ; ils nuisent aux statues et aux charmilles elles-mêmes, détruisant d’une part la grande et belle harmonie qui existait entre les nobles lignes de celles-ci et les berges du Canal et empêchant, de l’autre, de voir le château apparaître dans son majestueux développement, masqué qu’il est, en partie, par l’épaisse frondaison de ces arbres qui devraient être, comme autrefois, non pas devant les charmilles, mais derrière.

Si incomplets, cependant, que soient encore les travaux effectués soit dans les jardins, soit à l’extérieur du château et des Trianons, ils se chiffrent par des sommes élevées. Sauf quelques exceptions, — par exemple, le salon d’Hercule, l’un des plus beaux du palais, et les cabinets Louis XV dont l’admirable décoration est à peu près intacte, — on n’a presque rien fait pour l’intérieur des appartemens qui ont beaucoup souffert des atteintes du temps, du passage d’hôtes irrespectueux ou malfaisans, et aussi d’accidens qu’on ne put empêcher durant la longue période pendant laquelle les toitures demeurèrent en mauvais état ; il y aurait, à cet égard, de navrans détails à enregistrer sur quelques-uns des plus beaux plafonds, à commencer par la superbe voûte de la chapelle. Les parquets, en maints endroits, laissent, eux aussi, beaucoup à désirer. Il y a plusieurs années, le rapporteur du budget des Beaux-Arts, M. Berger, signalait que « la prudence ordonne de les sonder, notamment dans la galerie des Glaces et les grands appartemens, où des affaissemens très apparens indiquent qu’il faut procéder à de sérieuses consolidations. » Ces plaintes et ces craintes n’étaient que trop motivées. Lors de la grande soirée donnée à Versailles pendant l’Exposition de 1878, on avait été obligé d’étayer la galerie des Glaces, et l’on dut renouveler celle précaution, lors de la célébration du centenaire des États généraux, en 1889, et de la visite des souverains russes, en 1896.