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puissance et la durée du provisoire, — l’étroit et obscur couloir en planches qu’on avait établi en mars 1871, pour permettre au public de pénétrer dans la salle de l’Assemblée. Il serait d’autant plus désirable de rendre ceinte partie du château à sa destination première que, par son ampleur et par la beauté de sa décoration, qui, rétablie telle qu’elle était et telle qu’elle doit être, lui restituerait son ancien éclat, ce théâtre reste un des plus remarquables qui existent. Avec son beau foyer et ses gracieuses dépendances, il est le complément indispensable du château. Naguère, lorsque le Président de la République a fait aux souverains étrangers les honneurs de Versailles, on a pu constater jusqu’à quel point la salle de l’Opéra fait défaut à ces réceptions[1]. Faut-il ajouter que, tant qu’elle sera dans l’état actuel, il ne sera point possible aux riches amateurs qui ont proposé de prendre à leur charge les frais de représentations qui offriraient tant d’intérêt, d’y remonter dans leur vrai cadre les plus belles œuvres musicales ou dramatiques du XVIIe et du XVIIIe siècle. Peut-on espérer que ces réclamations aussi légitimes qu’intelligentes seront enfin entendues ?

Les restaurations sur lesquelles nous venons d’insister, et d’autres encore, apparaissent comme d’autant plus désirables que, pour les grandes fêtes officielles, vraiment dignes de la France, que les pouvoirs publics sont appelés à donner, on ne saurait nulle part trouver rien qui soit comparable à Versailles. Les Tuileries ont disparu ; l’Elysée, par ses dimensions, est insuffisant ; Fontainebleau et Compiègne, qui présentent de bien moindres ressources sont trop éloignés, surtout si l’on n’y veut pas faire un séjour prolongé. Versailles, au contraire, surtout avec les nouvelles facilités de parcours et d’accès offertes par la ligne des Invalides, est, à cet égard, une annexe de Paris, dont la population peut, très largement, ainsi qu’on le voit en toutes circonstances, profiter des fêtes qui y sont organisées. Combien pourraient-elles être plus belles, plus attrayantes, si l’on voulait tirer parti des estampes, des gravures, des documens de toute nature renfermant, sur les fêtes qui eurent lieu dans ce même cadre de Versailles, les renseignemens les plus précis.

Croit-on, pour n’en citer qu’un exemple, que, récemment, lors de la visite du jeune roi d’Espagne, qui admira tant

  1. En 1896, lors de la fête offerte au Tsar et à la Tsarine, il fallut installer, dans le salon d’Hercule, une scène provisoire.