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Une fois fortifiés, ces points de Folgensburg et d’Altkirch peuvent servir, soit de sentinelles avancées destinées à faciliter un mouvement en avant sur Belfort, soit de positions de défense permettant de s’opposer à des mouvemens de troupes partant de la place ou au moins de les retarder assez pour donner aux défenseurs d’Istein le temps d’utiliser tous leurs moyens de résistance.

La construction prochaine d’un certain nombre de voies ferrées, dans la partie de la Haute-Alsace avoisinant la frontière suisse, ajoutera à la valeur propre des travaux projetés à Folgensburg et à Altkirch, en facilitant, de ce côté, les mouvemens de troupes. La ligne ferrée qui paraît devoir être établie la première joindra Dannemarie à la frontière suisse par Pfetterhausen ; elle figure, en effet, en tête du projet approuvé en 1903 par le Landesausschuss et qui comprend toutes les lignes à terminer d’ici à dix ans. Le même projet mentionne, au quatrième rang, la ligne de Saint-Louis à Waldighoffen par Folgensburg, et, en outre, deux voies ferrées sur route, celles de Ferrette à Pfetterhausen et de Oltingen à Werentzhausen.

Istein est donc, dès à présent, le réduit d’une ligne de défense dont Mülheim, Bellingen et Tullingen seront prochainement les chaînons, et dont les ouvrages projetés à Folgensburg et Altkirch formeront les avancées.

Que signifierait cette puissante organisation de la rive badoise du Rhin combinée avec celle qu’on prépare dans la Haute-Alsace, si les professionnels militaires, en Allemagne, ne croyaient pas au rôle offensif de Belfort, c’est-à-dire à la possibilité d’un mouvement offensif provenant de cette place et à une tentative de passage du fleuve entre Mülheim et la frontière suisse ?

Ceux qui, en 1871, contestaient l’importance de Belfort, et soutenaient que son rôle cesserait d’être offensif, sans distinguer le cas où la zone qui l’entoure est très réduite, de celui où elle est sensiblement élargie du côté du voisin, se sont donc trompés. Il est manifeste que si M. Thiers avait accepté alors le rayon de 5 kilomètres et même celui de 7 kilomètres, afin de conserver les gisemens de fer lorrains, la place aurait été privée de l’espace nécessaire pour donner à un mouvement offensif le champ d’action initial qui, seul, peut le rendre efficace. Ces conclusions n’impliquent nullement que Belfort soit appelé à être le point de départ d’une opération offensive, pas plus qu’elles ne prouvent que les Allemands resteront sur la défensive dans la