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LETTRES DE JEUNESSE
D’EUGÈNE FROMENTIN
1842-1848[1]

Eugène-Samuel-Auguste Fromentin-Dupeux naquit à La Rochelle le 24 octobre 1820. Son père était médecin, et s’était spécialisé dans l’étude des maladies mentales. Il avait fréquenté à Paris les ateliers des peintres Bertin, Gros et Gérard. Quoiqu’il y eût acquis une véritable habileté de main, servie par quelque goût naturel, il ne voyait dans la peinture qu’un passe-temps d’amateur. Intelligent, mais d’esprit positif, il était de caractère irrésolu et d’humeur soucieuse. Mme Fromentin était une femme de haute distinction, à l’esprit élevé, délicat. Sa piété exemplaire et sa rare bonté la faisaient vénérer de son entourage. Eugène était très attaché à ses parens ; mais, en dépit de quelques mouvemens d’humeur qui se manifestent parfois dans ses lettres, c’était à sa mère surtout qu’il réservait son culte : « Elle est bonne au-delà de toute expression, écrit-il un jour à un ami, et, quoi que je fasse, je ne serai jamais qu’un ingrat pour elle. » Quant au fils aîné, Charles, grand chasseur, caractère paisible et pratique, il ressemblait surtout à son père dont il suivit la voie.

Outre leur maison de La Rochelle, M. et Mme Fromentin possédaient aux portes de la ville, à l’entrée du village de Saint-Maurice, un petit logis campagnard composé de bâtimens bas

  1. Mme Alexandre Billotte, née Eugène Fromentin, ayant bien voulu nous confier la publication de la correspondance inédite de son père, nous sommes heureux de la remercier ici, ainsi que Mlle Lilia Beltrémieux et Mme Ralph Wilson, née Bataillard, qui nous ont fourni bien des documens et des indications