Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 29.djvu/709

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

(Conseil) sont élus par des votans désignés par le gouvernement ; le quatrième quart est nommé par l’administration et, bien entendu, le Chairman est fonctionnaire. Tout cela ne constitue qu’un très faible embryon de franchises municipales ; mais personne n’en réclame davantage. Les Anglais n’ont aucun goût pour les papotages d’indigènes, et s’ils permettent à l’Indian National Congress de se réunir, de discuter, de présenter des vœux, ils regardent d’un œil méprisant et sévère cette institution nouvelle, fruit de l’éducation universitaire qui donne à quelques ambitieux manques l’occasion de poursuivre de vagues chimères d’émancipation politique, sans que jamais on y étudie la moindre réforme sociale. Parmi les Hindous lettrés qui bavardent au Congrès soi-disant national, pas un n’oserait toucher aux coutumes les plus rétrogrades, voire les plus monstrueuses, telles que les Suttys (immolation des veuves), les mariages prématurés, etc. Aussi lord Dufferin, vice-roi des Indes, n’a-t-il pas hésité à dire dans un discours officiel : « Je voudrais bien savoir comment un homme raisonnable pourrait s’imaginer que le gouvernement britannique est disposé à permettre aux natifs de contrôler son administration sur cet immense et multiforme empire dont il garantit le bien-être et la sécurité, dont il répond devant Dieu et la civilisation… »

Combien ces paroles prononcées dans le Tower Hall de Calcutta, à l’occasion d’une grande cérémonie, traduisent un état d’âme différent du nôtre et combien ces théories sont éloignées de celles que nous préconisons, nous qui livrons aux indigènes de nos colonies le droit de contrôle le plus absolu sur les actes de l’administration européenne, nous qui avons importé sous les palmiers des tropiques le suffrage universel, accompagné de tous les accessoires d’un pseudo-parlementarisme !


V

La partie du territoire de l’Empire composé de ce qu’on a appelé les Native States (Etats indigènes) occupe sur la carte une place trop importante pour que je néglige d’en faire une mention succincte.

Le régime des Native States est celui du protectorat, un protectorat analogue à celui qu’on pourrait concevoir accordé au pot de terre par le pot de fer, c’est-à-dire assez vigoureux pour