S’il n’est jamais indifférent de savoir ce que de grands penseurs, — les plus grands, auxquels rien d’humain n’est étranger, — ont pensé de la musique, Frédéric Nietzsche est peut-être celui dont le « cas » musical, pour parler son propre langage, est le plus digne de nous intéresser et même de nous émouvoir.
Nietzsche d’abord est le plus proche de nous. Quelques-uns d’entre nous peuvent encore le revoir en personne à travers ses ouvrages et retrouver dans ses écrits l’accent avec le timbre, — musical, dit-on, — de sa voix[1]. Et parce qu’il fut notre contemporain, il eut sur ses devanciers, même les plus éminens, sur un Hegel, par exemple, l’avantage de connaître toute musique, y compris celle d’un âge musical entre tous, le nôtre, et de pouvoir ainsi fonder, élever sur une base pratique plus large l’appareil ou l’édifice idéal de ses spéculations.
À ce premier attrait qu’elle nous offre : le voisinage, la figure musicale de Nietzsche en ajoute un second : l’unité. J’entends
- ↑ Lisez, dans la Revue du 15 août 1895, l’article de M. Édouard Schuré. : L’Individualisme et l’Anarchie en littérature.