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Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 29.djvu/934

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et de patientes recherches sur les vieux mythes. Il n’a pas lu seulement tous les poètes qui les ont interprétés à leur manière, mais il s’est enquis auprès des spécialistes ; il s’est efforcé d’en retrouver la signification profonde. Et c’est pourquoi les images par lesquelles il les traduit à son tour en prennent un éclat si solide et les mots nous paraissent enfermer tant de sens. Pour écrire le Naufragé ou la Prière du mort, il s’est informé de tous les rites funéraires des anciens et de cette terreur où ils étaient que le corps restât sans sépulture et l’ombre fût condamnée à errer et à gémir. S’agit-il d’évoquer Rome et les Barbares, il ne lui a pas suffi de relire les historiens, mais il a demandé aux monumens de lui apporter leur témoignage irrécusable. Dans le Samouraï et dans le Daïmio, il saura faire tenir tout le Japon aristocratique et guerrier. Veut-il nous montrer un artisan au travail, l’orfèvre ou l’émailleur ? il s’est enquis des procédés de leur art et de leurs chefs-d’œuvre. Il sait comment celui-ci manie le burin ou le ciseau et cet autre le marteau, le pinceau ou la lampe. Et s’il décrit une épée, soyez sûr qu’il n’omettra ni ne faussera aucun des ornemens qui décorent le pommeau ou la fusée :


Au pommeau de l’épée on lit : Calixte pape ;
La tiare, les clefs, la barque et le travail
Blasonnent en reliefs d’un somptueux travail
Le bœuf héréditaire armoyé sur la chape…


Tel est son constant dessein et sa volonté bien arrêtée : il ne parlera que de ce qu’il sait.

Aussi bien est-ce pour beaucoup, qui s’y perdent, un labeur décevant que celui de l’érudition, et d’autres n’y voient qu’un utile moyen de trompe-l’œil. Encore faut-il y apporter un esprit critique, et savoir démêler l’essentiel. C’est là qu’excelle l’auteur des Trophées. Il sait prendre dans chaque époque de l’histoire le trait qui en est significatif. Il a le respect du fait précis et du détail minutieux. Au besoin il l’exprimera par le terme technique, dût ce terme effaroucher le lecteur moins averti, et exiger de sa part un peu de l’effort auquel l’auteur lui-même s’est soumis. Mais il y a dans ces termes une vertu que rien ne saurait remplacer, puisque c’est celle de leur exactitude. Et le poète arrive ainsi à évoquer devant nous des tableaux qui sont, non pas les visions de sa fantaisie, mais des raccourcis d’histoire.

Voici les Grecs, épris de beauté, amoureux de la nature et tout enivrés de la joie de vivre ; le Romain, dur combattant, tenace et