êtes également persuadé que cette lettre condamne toujours et en tous les cas la liberté des cultes et de la presse, tandis que ce n’est que les doctrines de l’Avenir à cet égard qui sont censurées, et cela parce qu’elles ont été traitées avec tant d’exagération et poussées si loin par les rédacteurs de ce journal. La lettre dit même expressément qu’il y a des circonstances où la prudence exige de tolérer ces libertés pour éviter de plus grands maux. Eh quoi ! prétendriez-vous que la liberté des cultes et de la presse n’entraînent aucun inconvénient ? Tout ce que vous pouvez dire pour les défendre est que ces inconvéniens sont parfois d’une moindre importance que le bien qui en dérive, ou qu’il y aurait peut-être un plus grand mal à supprimer ces libertés, mais c’est cela même qui est dit dans la lettre du doyen du Sacré Collège, et que le Saint-Père vous a exprimé par son organe. Il me serait facile, et il vous le sera bien plus à vous-même, de trouver parfois ce même sentiment exprimé dans vos ouvrages, et même dans ce livre que je déplore que vous venez de publier avec le titre d’Affaires de Rome. Vous-même avez exprimé le désir que vous aviez formé que l’Eglise établît la liberté sur l’éternel fondement de tout ordre, la loi morale qui doit en régler l’usage et qui en garantit la durée…
Qu’a donc décidé l’Eglise par la lettre encyclique du Tape ? Tout se réduit à déclarer qu’il est contraire à l’esprit du christianisme que des sujets se révoltent contre ceux qui les gouvernent. Cette décision n’a trait à aucune sorte de gouvernement : elle est applicable à l’Empire de Russie, comme aux Etats-Unis et aux cantons suisses. L’Eglise reconnaît toute forme de gouvernement légitimement établie, et cela justement parce qu’elle ne se mêle point des choses temporelles, si ce n’est quand elles se rapportent au salut éternel des âmes, ce qui est sa propre affaire. Mais quelle difficulté raisonnable pouvez-vous ; rencontrer dans une pareille doctrine ? Dans l’ancienne loi, les tumultes populaires étaient proscrits ainsi que ceux qui les fomentent (Lev. XIX, 16) ; la loi nouvelle toute de charité et de douceur ne pouvait sur ce point que perfectionner l’ancienne. Quand les disciples de Jésus-Christ voulurent repousser par la force l’autorité publique qui le saisissait, il leur répondit des paroles à jamais mémorables. Il les appela à réfléchir à la témérité qu’ils témoignaient en voulant prendre sa défense : ce fut un reproche adressé à leur foi que celui qui est contenu dans ses paroles quand