M. Berteaux ? Non, c’est par les radicaux-socialistes et par les socialistes qui, le comparant à son prédécesseur, trouvent qu’il ne fait pas aussi bien leurs affaires. Il n’est que juste, en effet, de reconnaître chez lui un effort intermittent pour se dégager de certaines étreintes et s’affranchir de certaines habitudes où M. Combes se complaisait ; mais il y réussit si médiocrement que l’extrême gauche devrait bien lui pardonner ses bonnes intentions. Son insuccès tient surtout à ce qu’il ne sait pas se faire obéir. L’administration, qui dépend de lui aujourd’hui, se rappelle de qui elle dépendait hier et se demande de qui elle dépendra demain. L’ancien ministère lui inspirait, non pas plus de respect, le mot serait impropre, mais plus de crainte et de circonspection que le nouveau, et cette crainte dure encore. Enfin, des préfets et des sous-préfets qui ont reçu autrefois pour instructions, et qui ont pris pour habitude, de se faire les très humbles serviteurs de certains hommes politiques, continuent d’accepter ou de subir leur direction. Quoi de plus naturel ? Pour les affranchir du joug, il aurait fallu au moins les changer de place. Le gouvernement ne l’a pas fait. Aussi, lorsqu’on va en province, on y trouve peu de modifications dans les tendances, ou même dans les procédés de l’administration. Les tendances sont restées les mêmes ; les procédés d’hier s’emploient moins ouvertement ; c’est toute la différence. Les modérés seraient donc en droit d’être mécontens, beaucoup plus que les radicaux-socialistes et les socialistes. Mais ceux-ci se croyaient si bien les maîtres de tout et de tous qu’ils s’indignent des moindres velléités d’indépendance. Leur mauvaise humeur devient de plus en plus agressive. Très certainement, ils essaieront de renverser le ministère : la seule question est de savoir sur quel terrain ils lui livreront assaut. On avait pu croire un moment que la politique étrangère leur fournirait un prétexte ; mais d’abord ils la connaissent mal ; ensuite la détente, peut-être provisoire, apparente néanmoins et sensible qui s’est produite entre l’Allemagne et nous, ne leur permet plus de trouver un argument de ce côté. L’opinion ne les suivrait pas. Il faudra donc trouver contre le ministère des griefs dans la politique intérieure, et cette politique est elle-même si imprécise, si flottante, si indéterminée, que, là encore, il est difficile de découvrir les armes qu’on cherche. On peut accuser des tendances ; les faits manquent pour les caractériser. Il est certain que le gouvernement gouverne peu, qu’il laisse beaucoup faire, et que son rêve serait de pratiquer la neutralité entre les partis républicains : nous l’en approuverions fort si ses agens la
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