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2500 après la Révolution ; 12 000 de 1804 à 1812 ; 20 000 en 1819 ; 27 000 en 1825 ; 40 000 en 1837 ; 50 000 en 1848, admirerait le développement quasi constant, — sauf le contre-coup des bouleversemens politiques ou sociaux, — l’épanouissement magnifique de l’industrie ; et en y regardant mieux, à partir de là, ou même d’un peu plus haut, car l’irritation des tisseurs urbains contre les ruraux fut pour beaucoup dans les émeutes de 1831 et de 1834, il verrait la fabrique lyonnaise, durant la seconde moitié du XIXe siècle, sortir, pour ainsi dire de Lyon, y gardant seulement 30 000 métiers sur les 120 000 qu’elle faisait battre en 1890[1]. Et deuxièmement, il découvrirait, sur les rôles des patentes à cette même date, 188 établissemens mécaniques pour le travail de la soie dans la région lyonnaise, desquels il importait peu que 34 seulement fussent la propriété des fabricans lyonnais, et les 154 autres créés par des entrepreneurs à façon. Ce n’en était pas moins des « établissemens mécaniques, » et quelques-uns de grands établissemens : en 1897, 5 peigneries ou filatures de soie, 8 tissages occupaient plus de 500 ouvriers. Il n’y a sans doute pas de quoi crier à la « révolution, » ni à la « transformation, » ni au « triomphe » de la grande industrie, « se substituant » au petit atelier et soumettant la fabrique lyonnaise « à la loi commune ; » mais il y a de quoi nous justifier d’introduire dans ces études sur, la grande industrie la fabrique lyonnaise qui, à première vue, et ; en tant qu’elle se définissait par la dispersion même de ses métiers et de ses opérations, paraissait ne devoir ni ne pouvoir y figurer.


III

L’usine que j’ai visitée peut bien être prise pour type. Elle emploie ordinairement environ 500 personnes (presque toutes femmes, quelques hommes seulement) ; tantôt plus, tantôt moins, l’effectif varie, il est en ce moment de 464 ouvriers et ouvrières. C’est une usine neuve ; elle a été construite en 1903, et ne marche donc que depuis dix-huit mois. Elle est située, non dans Lyon même, mais à la porte de Lyon, en un faubourg que sépare de la ville le beau parc de la Tête-d’Or, à Villeurbanne. Elle n’a qu’un seul étage et ne forme qu’un seul atelier, une vaste salle

  1. Voyez les Industries de la soie : sériciculture, filature, moulinage, tissage. — Histoire el statistique, par E. Pariset. (Publications du Bulletin des soies et soieries) ; 1 vol. in-8o, Lyon, Pitrat aîné, 1890.