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Deux ou plusieurs fils de soie grège tordus ensemble sans être tordus au préalable individuellement fournissent un fil appelé trame.

Enfin, si l’on donne à deux ou plusieurs fils de grège tordus préalablement et individuellement de droite à gauche une torsion de gauche à droite après les avoir assemblés, on obtient des fils employés pour la chaîne des tissus et connus sous le nom d’organsins[1]. »

Tout le monde sait comment se fait le dévidage. « Pour être dévidées, les soies grèges sont placées sur des tavelles, cadres très légers en bois de pin, dont les bras sont réunis par des fils de fer : les tavelles disposées verticalement tournent sur un axe horizontal passant en leur centre ; des roquets ou bobines, tournant par friction, attirent et enroulent la soie, et font tourner les tavelles… On évalue la qualité d’une grège au point de vue du dévidage par le nombre de tavelles qui peuvent être surveillées par une seule ouvrière. On dit qu’une grège est d’un dévidage de 40 tavelles lorsqu’une ouvrière peut suffire à la marche de 40 tavelles… Il est admis comme règle qu’une ouvrière peut trouver et nouer 80 bouts en une heure avec une soie bien croisée[2]. »

Le moulinage proprement dit ou tordage ou torsion, nécessaire pour faire de la soie grège un fil apte à être tissé, et qui s’opérait au fuseau par les filleresses de la vieille France, qui s’opère encore à la main, comme procèdent les cordiers pour leur corde, au Tonkin et dans d’autres contrées de l’Asie, se faisait depuis le XIVe siècle en Italie et se fait même de nos jours en Piémont sur un moulin, appelé moulin rond, à cause de sa forme, lequel n’est qu’un gros tour, volumineux et encombrant, outil médiocre, justement comparé pour l’inutile complexité et la grossièreté de ses organes, à l’antique machine de Marly[3]. L’usine D… emploie le moulin ovale, d’invention française, plus facile à loger et d’un mécanisme très simple. Il est « comme divisé en deux étages : « à la partie inférieure se trouvent une ou plusieurs ! rangées de fuseaux placés verticalement et tournant avec rapidité (cinq à six mille tours par minute). La soie qu’ils débitent se déroule, se tord en même temps en proportion de leur vitesse, et s’enroule ensuite sur des guindres ou des cylindres

  1. Léo Vignon, ouvrage cité, p. 152.
  2. Id., ibid., p. 154-155.
  3. Id., ibid., p. 153, 157.