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placés horizontalement à la partie supérieure[1]. » Des trois espèces de fils produits par le moulinage : le poil, la trame et l’organsin, la première, le poil ne subit qu’une faible torsion ; elle fournit des fils qui servent de chaîne pour les étoffes légères, la rubanerie, la passementerie, la broderie. La trame exige une torsion de 80 à 150 tours par mètre. Quant à l’organsin, soumis, après le filage et le doublage, à une nouvelle torsion en sens inverse, ou tors, les deux torsions qu’il subit varient selon les apprêts, au premier apprêt ou filage de 400 à 2 500 tours, au second apprêt ou tors de 300 à 1 500 tours[2].

Le moulinage fini, on met le fil en flottes, ou en paquets dont la longueur, autrefois de 1 500 mètres, peut atteindre maintenant de 15 à 20 000 mètres. On marque avec des capies, petits nœuds de schappe ou de coton, la croisure des fils, afin de les empêcher de se mêler et de conserver la forme de la flotte. Si cette méthode a ses désavantages, en ce qu’elle rend la teinture plus malaisée, les fils étant serrés les uns contre les autres et moins divisés que dans les petites flottes, elle permet cependant de grandes économies, moins de main-d’œuvre et moins de déchet, lors du nouveau dévidage, au retour de la teinture[3], où la soie en flottes est envoyée à la suite d’un triage et d’un classement qui porte le nom de mettage en mains. Ordinairement les fils sont classés, suivant leur grosseur, en trois catégories ; les flottes de même espèce sont réunies entre elles par un lien et donnent une pantime. Le groupement de plusieurs pantimes constitue une masse appelée main[4].

Quand les flottes de soie reviennent teintes, alors s’ouvre, avant le tissage, la deuxième série des opérations : dévidage et détrancanage ; la dévideuse doit enrouler la soie sur le roquet d’une manière parfaitement uniforme avec une tension convenable, de façon que sous le doigt les roquets garnis soient résistans, mais non pas durs ; elle doit rattacher rapidement les fils cassés, éviter le déchet, prendre garde à ne pas ternir la nuance et le brillant de la soie, mettre en un mot les roquets en état de pouvoir se dévider régulièrement et sans secousse pendant le tissage[5] ;

  1. Léo Vignon, ouvrage cité, p. 157.
  2. Id., ibid., p. 158-159.
  3. Id., ibid., p. 160-161.
  4. Id., ibid., p. 215.
  5. Id., ibid., p. 287.