Qu’il ne se mêle plus à ma force vieillie,
Puisqu’il me raille, qu’il m’ignore, qu’il m’oublie
Et s’écarte de moi qui l’écoute souvent
Rire dans la feuillée et rire dans le vent
Et chuchoter tout bas le long de mon chemin,
Tellement que je vais, misérable et chagrin,
M’asseoir sur cette pierre au seuil de ton cellier,
Et, Satyre podagre, au vin hospitalier
Qui sommeille dans l’ombre au flanc creux de l’amphore,
Je redemande le mensonge d’être encore
Celui-là qui sentait, avec avril éclos,
Le retour de la sève en ses membres nouveaux.
Elle disait : « L’Amour fut à mon cœur troublé
Ce frisson qu’on éprouve en la nuit incertaine
Lorsqu’au souffle imprévu d’une brise soudaine
Un feuillage frémit sous le ciel étoile. »
Elle disait encore : « Ensuite, il m’a parlé.
Sa voix à mon oreille était grave et lointaine
Et douce comme un bruit de source et de fontaine
Si son visage obscur restait toujours voilé. »
Elle m’a dit : « Et toi, comment est-il venu
A ta rencontre ? Etait-il ivre, chaste ou nu ?
Mais tu ne réponds pas et sembles interdite… »
Et je pensais, Amour, à ce bois ténébreux
Où vers toi, pas à pas, dans l’ombre m’a conduite
Ton image secrète et vivante en mes yeux !
J’aime ce bois de pins dont vous avez chanté
La verdure marine,
Qui sent bon la chaleur, le soleil et l’été,
L’écorce et la résine.