La coquille en craquant s’y mêle sous les pas
A la pomme écailleuse,
Entre les troncs on voit la mer border là-bas
La plage sablonneuse.
Il n’est pas grand, ce bois dont vous chantiez si bien
La paix, l’odeur et l’ombre
Et le vent qui parfois d’un souffle aérien
Courbe les cimes sombres ;
Alors, pris tout entier d’un murmurant frisson
Qui cesse et recommence,
Il semble tout à coup s’étendre à l’horizon
Et devenir immense ;
Puis, lorsque sa rumeur s’est tue avec le vent
En ses branches sans force,
Avec elle il se rapetisse et l’on y sent
La résine et l’écorce…
Prends garde. Si tu veux parler à ma tristesse,
Ne lui demande pas le secret de ses pleurs,
Ni pourquoi son regard se détourne et s’abaisse
Et se fixe longtemps sur le pavé sans fleurs.
Pour distraire son mal, sa peine et son silence,
N’évoque de l’oubli taciturne et glacé
Nul fantôme d’amour, d’orgueil ou d’espérance
Dont le visage obscur soit l’ombre du passé.
Parle-lui du soleil, des arbres, des fontaines,
De la mer lumineuse et du bois ténébreux
D’où monte dans le ciel la lune souterraine,
Et de tout ce qu’on voit quand on ouvre les yeux.
Dis-lui que le printemps porte toujours des roses
En lui prenant les mains doucement, et tout bas,
Car la forme, l’odeur et la beauté des choses
Sont le seul souvenir dont on ne souffre pas.