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REVUES ÉTRANGÈRES

QUELQUES CHAPITRES INÉDITS DES « FIANCÉS » DE MANZONI


Brani inediti dei « Promessi Sposi, » per cura di Giovanni Sforza, 2 vol., in-8o, Milan, librairie Ulrico Hœpli, 1905.


On ne lit plus guère les Fiancés de Manzoni, en France du moins, où jamais aucun autre roman étranger n’a eu, peut-être, un plus grand nombre de lecteurs, ni de traducteurs. Les amours contrariées de Renzo et de Lucie, la tragique destinée de l’abbesse de Monza, la conversion de l’Inconnu, la naïve pleutrerie de don Abbondio et l’héroïsme sublime du Frère Christophe, tout cela, qui a passionnément ému ou amusé nos grands-parens, n’éveille plus même en nous un vague souvenir. Les Fiancés sont allés rejoindre, dans un oubli d’où il n’y a que bien peu de chances qu’ils sortent désormais, Ivanhoé et le Monastère, Peveril du Pic et Quentin Durward, toute la série des romans de « l’illustre Écossais. » Et cet oubli s’explique par des motifs divers, par la longueur du roman italien, par les digressions historiques qui, sans cesse, y viennent interrompre ou retarder le récit, par la médiocrité des traductions, dont les meilleures, pour dire vrai, sont loin d’être bonnes ; mais il s’explique surtout par un fait que j’ai eu, souvent déjà, l’occasion de constater : notre croissante indifférence à l’égard des chefs-d’œuvre des littératures étrangères. En vain nous nous piquons de cosmopolitisme : nous avons à lire trop de choses écrites expressément à notre usage pour trouver encore le loisir de