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LE
MEXIQUE AU XXe SIÈCLE

Les pays de l’Amérique centrale et méridionale n’ont longtemps attiré l’attention du monde que par leurs révolutions. Les luttes intérieures qui n’ont cessé de les troubler, depuis la proclamation de leur indépendance jusqu’à une époque toute récente, les maintenaient dans un état de pauvreté, sinon de barbarie, bien différent de la paix et de la prospérité qui ont toujours régné aux États-Unis, sauf pendant les quatre années de la guerre de sécession. Ce contraste entre les vaines agitations de l’Amérique latine et le labeur énergique et productif de l’Amérique anglo-saxonne n’avait pas le seul inconvénient de fournir un thème facile aux détracteurs des peuples latins. Pour l’avenir de ces peuples, il constituait une grave menace. L’ordre et la sécurité du lendemain sont les biens les plus précieux dont puisse jouir une nation. Les guerres civiles toujours renouvelées qui en privaient l’Amérique du Sud et du Centre appauvrissaient les habitans de ces pays ; elles en écartaient les immigrans dont ils auraient eu besoin pour se développer ; elles faisaient fuir les capitaux qui auraient aidé à mettre en valeur leurs ressources naturelles. Elles les plaçaient vis-à-vis des États-Unis dans une infériorité de jour en jour plus marquée au point de vue de la population, de la richesse, en un mot de la puissance. A la fin du XVIIIe siècle, l’ensemble des colonies espagnoles et