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Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 30.djvu/627

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qu’aujourd’hui. Plus au Sud, dans les montagnes d’Oaxaca, les Zapotèques possédaient aussi une civilisation avancée, bien que leur pays eût été conquis et ravagé par les Aztèques à la fin du XVe siècle.

À ces populations nombreuses et policées, habituées à la vie sédentaire et à la culture du sol, la conquête européenne n’imposait point de changement profond dans leur existence. Loin d’être une gêne pour les colons, comme des sauvages naturellement pillards et qu’on ne saurait employer à aucune besogne utile, les Indiens du Mexique étaient des auxiliaires précieux. Les terres changèrent de maîtres à la suite de la conquête ; mais les serfs de la glèbe qui formaient la masse de la population des campagnes continuèrent à les cultiver pour les uns comme ils l’avaient fait pour les autres. Le travail des mines était plus dur et plus nouveau pour les indigènes ; mais un grand nombre de ceux-ci étaient rompus aux plus pénibles corvées, en ce pays où tous les transports étaient faits par des porteurs, sortes d’ilotes qui formaient la caste spéciale des tamenes, composée de descendans des vaincus. Les Espagnols n’avaient nul intérêt à détruire tous ces gens qui leur étaient d’une grande utilité pour l’exploitation du pays et qui, la première résistance brisée et le gouvernement indigène renversé, devinrent bien vite les plus dociles et les plus soumis des sujets. Qu’il y ait eu, malgré cela, bien des violences, des massacres même, des excès de toute sorte commis par les aventuriers brutaux et cupides qui s’abattirent sur le Nouveau Monde au début du XVIe siècle, ce n’est pas douteux. Mais il ne faudrait pas exagérer et généraliser ces faits déplorables, voir un système dans ce qui n’a jamais été qu’un abus. Comme le dit le prince Roland Bonaparte qui s’est chargé, dans le Mexique au XXe siècle, de la partie ethnographique, « la conquête espagnole, contre laquelle il est d’usage de s’élever, ne diffère point des autres du même genre et ses cruautés, qui remontent à près de quatre cents ans, ne dépassent point ce que nous avons vu se produire au début du XXe siècle, dans l’Afrique centrale et aux Philippines, de la part de peuples qui prétendent au plus haut degré de culture. »

Les Espagnols rendirent aux Indiens deux grands services, l’un moral, l’autre matériel. Ils remplacèrent par le christianisme la sanguinaire religion des Aztèques, qui sacrifiaient des victimes humaines au dieu de la guerre Huitzilipochtl, et le