À côté des terres appropriées, le domaine public couvre encore au Mexique d’immenses étendues. Longtemps on n’en a bien connu ni la surface ni les limites : aussi des gens peu scrupuleux n’hésitaient-ils pas à s’y établir sans aucun titre de propriété. Les intérêts, de l’État en souffraient, car la vente ou la location des terres publiques aurait été, pour le budget, une importante ressource ; mais, avant d’en profiter, il aurait fallu faire des dépenses considérables pour l’arpentage, et le gouvernement reculait devant elles. Il fut tiré d’embarras par les offres que lui fît l’initiative privée et qu’il eut la bonne inspiration de ne pas repousser. Des contrats furent passés avec plusieurs sociétés particulières qui entreprirent l’arpentage à la condition qu’un tiers des terres qu’elles auraient arpentées leur appartiendrait en toute propriété. En dix ans, 50 millions d’hectares furent arpentés. Les deux tiers, qui restent à l’État, ont beaucoup plus de valeur que n’avait l’ensemble avant l’opération, parce qu’on peut acquérir sur eux des titres de propriété réguliers. De 1897 à 1901, il a été vendu 542 000 hectares, ce qui a produit au Trésor 354 000 piastres ; en 1902 seulement, 73 acquéreurs ont acheté 364 000 hectares pour 344 000 piastres. On voit que ce sont de grands domaines qui se constituent ainsi, puisque chaque vente porte en moyenne sur 5 000 hectares. Ce n’est pas là pourtant une étendue énorme pour les steppes pastorales du Nord qui se partagent avec les États de l’Extrême-Sud les terres nouvellement arpentées. Une partie de celles-ci a servi d’autre part à augmenter les lots des Indiens. L’importance des ventes publiques augmente tous les ans : les Sociétés d’arpentage vendent aussi leurs réserves. Il s’écoulera longtemps avant que l’appropriation du sol mexicain soit complète ; et cela est naturel car il faut que les colons à venir trouvent des places libres. Mais il était essentiel qu’au fur et à mesure de leur venue, ils pussent trouver des lots bien délimités et bornés. C’est ce qui leur est assuré maintenant.
La conquête de l’Amérique par les Européens n’en a pas seulement modifié la population ; elle en a changé profondément la faune et la flore, l’agriculture. Ce ne sont pas seulement les hommes, ce sont les plantes et les animaux importés d’Europe qui ont colonisé le Nouveau Monde, et le succès de cette colonisation a été merveilleux. Le blé, la plupart des céréales, tous les animaux domestiques, à l’exception du chien, étaient inconnus