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Les autres produits végétaux d’exportation, ; les denrées coloniales proprement dites, exigent au contraire des soins beaucoup plus dispendieux, et comme elles ont un débouché moins vaste, que leurs prix varient souvent et beaucoup, leur commerce est sujet à des crises assez fréquentes, qui atteignent durement les planteurs, Tel est le cas du café dont la culture s’est fort développée sur les terres tempérées du Mexique, qui lui sont très propices ; l’exportation a passé de 1 200 000 piastres en 1878 à 14 millions en 1895, puis est revenue à 8 millions en 1903. Après les brillans succès obtenus par les planteurs brésiliens, le monde entier s’était trop engoué de l’arbuste qui produit cette « aimable liqueur. » Le tabac, moins aimable peut-être, a donné jusqu’ici moins de déboires aux pays qui l’ont cultivé. La qualité des crus du Mexique n’est guère dépassée que par ceux de Cuba, auxquels les fabricans de la Havane eux-mêmes les mélangent, paraît-il, quelquefois. Pendant l’insurrection cubaine, plus d’un amateur européen a fumé des cigares venus de la Vera-Cruz, qu’il croyait fait avec des feuilles de Vuelta Abajo ; les exportations mexicaines, insignifiantes il y a un quart de siècle, s’étaient élevées en 1898 à plus de 4 millions et demi de piastres ; elles ont baissé de moitié depuis. Devant l’épuisement des sols de Cuba la culture n’en paraît pas moins destinée à un brillant avenir.

D’autres cultures, jadis très brillantes, sont en décadence aujourd’hui, bien qu’elles soient indigènes au Mexique. Tel le chocolat, qu’on buvait à la cour de Montezuma, d’où l’usage en a été introduit en Europe par les conquistadores, mais que le Mexique ne produit presque plus, tandis que les républiques voisines de l’Amérique Centrale en ont de vastes plantations ; telle encore la vanille, jadis la richesse de l’État de Vera-Cruz. La canne à sucre progresse lentement au Mexique, en dépit du droit protecteur de 15 centavos ou 37 centimes le kilogramme qui frappe les sucres étrangers, droit énorme puisqu’il dépasse la valeur moyenne de la marchandise. Le Mexique n’importe ni n’exporte guère ; les 70 000 tonnes de sucre qu’il produit suffisent, avec les 65 000 tonnes de panocha, sucre brun inférieur fabriqué dans les petites sucreries primitives dont il existe encore un grand nombre, à la consommation dii pays. Voisin de Cuba et de Porto-Rico, où les Américains entreprennent de développer et de perfectionner la fabrication du sucre de