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apparition[1]. Six des principales usines de cotonnades, fournissant un cinquième de la production du pays, appartiennent à des Français de Barcelonnette. La métallurgie entre aussi dans une phase nouvelle. Elle n’a plus seulement des ateliers de réparation, d’ajustage, de finissage, mais des usines dignes de ce nom où l’on fabrique des machines pour les mines, les moteurs à vapeur. A Monterey, la grande ville industrielle du Nord, on fait même des rails, et il s’y est établi une société au capital de 5 millions, qui pourra produire 20 wagons de chemins de fer par jour, c’est-à-dire l’équivalent des 7 000 par an qu’on importe actuellement des États-Unis. Enfin, la toute jeune industrie électrique comptait, dès 1899, 19 entreprises dont 14 employaient la force hydraulique ; la plus puissante appartenait à un Français. D’autres installations plus vastes se fondent aujourd’hui, pour transporter souvent à grande distance la force des nombreuses chutes d’eau.

Comme il le fait pour l’industrie minière, le gouvernement mexicain cherche à favoriser les progrès de l’industrie en général par des exemptions d’impôts et de droits de douane pour les établissemens ayant un capital de plus de 250 000 piastres. L’intention est bonne et les effets peuvent en être heureux dans de certaines limites. Il n’y a pas lieu, pourtant, de provoquer la naissance hâtive d’industries de toutes sortes avant que le pays ne puisse leur fournir un marché important, car elles ne sauraient être progressives ; et il est bien des objets que le Mexique trouvera longtemps avantage à se procurer au dehors, par échange avec les minéraux et les denrées végétales d’exportation qu’il est particulièrement bien placé pour produire. Ce dont il avait, en revanche, un besoin urgent et incontestable, c’est de voies de communication. Montagneux, dénué de rivières navigables, les chemins de fer lui étaient essentiels. Et cependant, c’est en 1874 seulement qu’on ouvrait la première ligne, les 500 kilomètres de la Vera-Cruz à Mexico. Aujourd’hui, il existe plus de 20 000 kilomètres de voies ferrées. La capitale et ses environs sont reliées par trois lignes à la frontière des États-Unis, par plusieurs autres à l’Atlantique ; ils le seront bientôt

  1. En 1880, il se trouvait au Mexique 99 manufactures de cotons, avec 9 214 métiers à tisser et 258 000 broches, employant 16 000 ouvriers, et fabriquant 4 800 000 pièces. En 1900, on comptait 134 manufactures, 18 009 métiers, 588 000 broches, 28 000 ouvriers, 11 millions et demi de pièces fabriquées.