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qu’elles tiendront de leur origine même, ce sera comme si l’on ne prenait pas de mesures du tout ; et qui sait, en ce cas, si nous ne sommes pas destinés à revoir l’espèce de désarroi dont l’extrême conséquence, en ces dernières années, a été l’expulsion brutale des congrégations.


Il sera d’ailleurs infiniment désirable que, pour procéder utilement à la tâche qui sera la sienne, cette haute assemblée ne se mêle point de politique. Nous entendons par là qu’acceptant en fait la situation telle qu’elle sera donnée, au lendemain du vote de la loi, l’assemblée s’abstiendra de toute récrimination, même éloquente, sur les circonstances qui ont précédé, préparé, et accompagné la discussion de la loi. On ne mettra pas davantage en question la forme du gouvernement, et on n’essaiera pas d’établir que tout le mal est venu de ce qu’elle est républicaine et démocratique. On pourra même laisser les francs-maçons à leur besogne, et à la célébration de leur culte, puisque, tout ce que nous demandons, c’est qu’il nous soit permis de procéder librement à la célébration du nôtre, et qu’aussi bien, tout ce que nous pouvons utilement leur opposer, ce ne sont point de vaines invectives, ni, je pense, des passions analogues aux leurs, — et des procédés, — mais seulement une doctrine plus haute, plus généreuse et plus pure. Et, plus prudemment encore, on se gardera de retomber dans la pire erreur que les catholiques français aient peut-être commise au siècle dernier, et ç’a été de vouloir constituer le catholicisme en parti.

Renan, qui n’ignorait pas ce qu’il en a coûté à l’Eglise, trouvait cela fort bien, que le catholicisme fût un parti politique ; et tous les jours on nous rappelle qu’en Allemagne, par exemple, ou en Belgique, il en est un. Je me contenterai de répondre que la France de 1905 n’est ni la Belgique, ni l’Allemagne ! En France, c’est précisément et surtout d’avoir essayé de constituer le catholicisme en parti que souffre actuellement l’Eglise. Des indifférens eux-mêmes lui en veulent de son ingérence dans des affaires que l’on estime qui ne la regardent point, comme ne touchant qu’indirectement aux choses de la religion. Est-ce à tort ? est-ce à raison ? Je n’en sais rien ; je n’en veux rien savoir ; je me borne à constater le fait. On ne veut point, en France, que l’Eglise se mêle de politique ; on ne veut point qu’elle intervienne, du poids de son autorité spirituelle, dans