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l’existence et l’unité de l’Église de France, laquelle sans doute est et doit être, non pas assurément l’Eglise gallicane, — comme on essaierait de nous le faire dire, si nous ne prenions pas la précaution de protester, — mais pourtant quelque chose de plus qu’une juxtaposition de provinces ignorées les unes des autres sur le sol de la même patrie. Elle est nécessaire, pour nous apprendre ce que nous ignorons tous, et ce que, même à Rome, nous ne pensons pas que l’on sache d’une façon précise, positive et certaine, je veux dire l’état réel du catholicisme en France. « Nos cadres officiels, — écrivait récemment, dans les Annales de Philosophie chrétienne, un prêtre éminent du diocèse d’Albi[1], — sont beaucoup plus vastes que ne le comporterait l’effectif des vrais fidèles. La majeure partie de la population n’est plus catholique, ou l’est si peu, d’une façon si négative, qu’il en résulte une faiblesse plus grande encore… » Et plus loin : « La conscience religieuse s’éteint. Dans certains bourgs des environs de Paris, les deux tiers des enfans ne sont même plus baptisés. La proportion des familles étrangères à tout culte s’accroît dans toutes les villes et dans les campagnes elles-mêmes… » Ces observations inquiétantes sont-elles vraies de la France entière ? dans quelle mesure ? et quelles sont les raisons de cette indifférence croissante ? N’y a-t-il pas, ici et là, des « gains » qui compensent les « pertes ? » C’est ce qu’une assemblée des évêques de France pourra seule nous dire, et seule aussi renseigner Rome, dans une question de cette nature, avec une autorité que ne sauraient avoir des informations particulières, des mémoires individuels, ou des statistiques imprimées. Que dirons-nous encore ? Nous avons besoin d’une assemblée des évêques, parce que le corps de l’Eglise est composé de laïques, souvent faciles à scandaliser, et qu’on ne saurait mettre au péril de ne savoir, en leur âme et conscience, que penser ni que faire, si l’on agissait d’une manière dans un diocèse, et d’une autre manière dans un diocèse voisin. En ce moment même, ne voyons-nous pas des évêques favoriser la formation des « associations paroissiales, » et d’autres évêques « ne pas croire qu’il soit opportun de les établir à l’heure actuelle ? » Et nous avons enfin besoin d’une assemblée des évêques de France, parce que si les mesures que l’on prendra n’ont pas un caractère universel,

  1. M. l’abbé Birot.