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librement et respectueusement une au moins des raisons. Nous avons déjà rappelé les décisions du troisième Concile plénier de Baltimore, et si nous y revenons, c’est que l’Eglise des États-Unis, avec ses 75 archevêques et évêques, — ce chiffre est celui des prélats qui ont pris part à ce Concile, — cette Eglise a donné au monde le plus bel exemple de ce que peut le catholicisme sous le régime de la liberté politique absolue. Même il s’est rencontré de hauts personnages, comme l’ancien procureur général du Saint-Synode russe, M. Pobédonostzef, pour s’en déclarer effrayés[1]. Or, dans un pays comme l’Amérique du Nord où, pendant longtemps, l’Eglise n’a trouvé, et ne trouve encore aujourd’hui de ressources matérielles, et de moyens de vivre, que dans la libéralité des fidèles, il est arrivé plus d’une fois que ceux-ci voulussent, en quelque manière, « suivre leur argent, » et non seulement en contrôler l’emploi, mais, le diriger, et s’ingérer, du droit de leurs dollars, jusque dans le choix des personnes que rémunérait leur générosité. C’est ce que l’on craint des Associations cultuelles, ou plutôt des bureaux qu’elles nommeront pour s’administrer ; et je crois que c’est bien ce que nos cardinaux ont voulu dire quand ils les ont qualifiées d’ « institutions purement laïques. » Et, en effet, en France comme aux États-Unis, la loi civile reconnaît aux membres des associations cultuelles plus de pouvoirs que l’Eglise ne consent à leur en accorder. « C’est une règle universelle de l’Église catholique, — avaient dit, en 1866, les pères du deuxième Concile plénier de Baltimore, — que tous ceux qui administrent les biens de l’Église, à quelque titre que ce soit, ne le peuvent légitimement que du consentement du Saint-Siège ou de leur Évêque, et demeurent soumis dans tous les actes de leur administration à la juridiction et à l’autorité de l’Evêque. » Le troisième Concile reprenait, en 1884, les déclarations du second, et les faisait entièrement siennes. Il invoquait un Bref de Grégoire XVI, du 12 août 1841, où il était dit : « Quant à ce qui regarde l’administration des biens de l’Église, nous voulons que personne n’ignore qu’elle dépend entièrement de l’autorité de l’Evêque, et qu’aucun administrateur n’y peut faire d’autres actes de gestion que ceux dont l’Evêque lui a confié la charge : nihil ab ædituis Ecclesiæ geri unquam posse, nisi quod eis fuerit ab Antistite

  1. Voyez le curieux volume intitulé : Questions religieuses, sociales et politiques, traduit du russe, Paris, 1891, Baudry.