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demandatum. » Et afin d’établir une règle uniforme pour toutes les provinces de l’Union, — ad unitatem disciplinæ per omnes fere nostras provincias vigentis, promovendam, quantum lex sæcularis permittit, — les évêques des Etats-Unis édictaient un certain nombre de conditions relatives à la constitution, à la composition, et à la compétence de ces Councilmen et Board of trustees auxquels ressembleront beaucoup les bureaux, ou, si l’on le veut, le personnel agissant de nos Associations cultuelles. Une de ces conditions, quant aux électeurs admis à nommer les membres de ces bureaux, est d’avoir fait ses Pâques ; et une autre, d’avoir une chaise louée à l’année dans l’Eglise, et d’ « avoir acquitté le montant de sa location. »

On ne voit pas que ces conditions ou restrictions aient gêné, depuis plus de vingt ans, le développement du catholicisme aux Etats-Unis. Il y a donc lieu de croire que ce qui a pu se faire aux États-Unis ne sera pas impossible en France. La tradition de l’Église est-elle si sévère, ou tellement absolue sur ce point, que l’on n’en puisse rien abandonner ? et s’il faut faire quelques concessions à l’élément laïque, les fera-t-on jamais plus considérables, ou plus étendues, que celles qu’on a dû faire, en d’autres temps, à l’élément politique, Léon X à François Ier, et Pie VII à Bonaparte ? C’est à nos évêques de France, réunis, comme ceux des Etats-Unis, en « Concile » ou en « Assemblée générale, » qu’il appartiendra de l’examiner. Ils auront à dire, eux aussi, dans quelles conditions les Associations cultuelles devront se former ; et, s’ils estiment que les droits que la loi civile accorde à ces associations sont incompatibles avec la constitution de l’Église, c’est eux, sans aucun doute, que les catholiques sont prêts à en croire. Mais la difficulté de les définir et de s’en servir sera-t-elle une raison de renoncer à la formation des Associations cultuelles ? Puisqu’elles apparaissent comme le seul moyen qu’on nous laisse d’assurer l’ « exercice du culte, » nous ne pouvons, quelque défiance qu’il nous inspire, y renoncer sans en avoir éprouvé la valeur. Tout en demeurant ce qu’elles sont au regard de l’État, les Associations cultuelles seront, au regard de l’Église, ce que l’Église décidera qu’elles doivent être. Ce sera, pour tout catholique appelé à en faire partie, une affaire de conscience. Aucun fidèle n’en appellera de l’Église à l’État. Ce sera même, à ce propos, une excellente manière de ne pas « accepter » la loi de séparation que de ne pas s’en prévaloir contre la loi de l’Église.