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établir ces bancs et chaises, sera prélevé pour former un fonds de secours à répartir entre les ecclésiastiques âgés ou infirmes.

« ART. 2. — Les évêques adresseront au ministre des Cultes, dans le mois qui suivra la publication du présent décret, un projet de règlement pour déterminer le mode et les précautions relatifs à ce prélèvement, ainsi que la manière d’en appliquer le résultat et d’en faire la distribution. »

Ce décret est encore en vigueur. Combien peu de catholiques en payant leurs chaises le dimanche pensent qu’ils contribuent ainsi à organiser des secours pour les vieux prêtres ! C’est, en effet, grâce à ce prélèvement sur ces locations que s’est constitué, pour une assez forte partie, le capital des caisses diocésaines qui se créèrent postérieurement au décret du 13 thermidor an XIII.

L’établissement de ces caisses fut une heureuse conséquence de ce décret et il est sans doute à regretter qu’elles n’aient pas produit, comme nous le verrons plus loin, les résultats qu’on était en droit d’en attendre. Rien n’était plus juste que de charger chaque diocèse d’assurer ainsi l’avenir de ses prêtres. Un coup d’œil rétrospectif sur l’histoire du siècle dernier montrerait facilement, hélas ! que la grande majorité des diocèses n’a pas su profiter de la latitude qui lui était ainsi donnée.

En 1807, l’Empereur fut saisi de propositions tendant « à assurer des ressources à de pauvres prêtres » qui se trouvaient dans la misère sur la fin de leur vie. Il y répondit par la note suivante, adressée le 18 août 1807 au ministre des Cultes par le ministre secrétaire d’Etat :

« Le Conseil d’Etat, monsieur, a délibéré sur votre rapport un projet de décret tendant à accorder des pensions de retraites aux ministres du culte avancés en âge et infirmes. Sa Majesté, à qui ce projet a été soumis, n’y a point donné son approbation, ayant pensé que, dans tous les temps, les titulaires des places ecclésiastiques ont pu conserver leurs fonctions jusqu’à la fin de leur vie. J’ai l’honneur de vous faire connaître cette détermination de Sa Majesté. »

Cette phrase « dans tous les temps » vaut un long poème. Il est exact en effet que, d’après le droit canonique, le prêtre, ayant fait le vœu de se dévouer au service de Dieu, doit à son sacerdoce toute sa vie. Il n’y a pas pour lui d’âge fixé pour la retraite.

Les pouvoirs publics furent peut-être très heureux d’une telle