droits de la France résultant de ses traités ou arrangemens[1]. » L’accord sur ces points, entre les deux gouvernemens, fut constaté, le 8 juillet, sous la forme d’un échange de lettres entre M. ’ Rouvier et le prince Radolin.
La France accueillit cet accord avec satisfaction ; elle pensa que le malentendu était dissipé et que son action au Maroc ne rencontrerait plus l’opposition de l’Allemagne. Dans ces conditions, la Conférence ne serait, espérait-on, qu’une formalité dont le programme allait être arrêté sans délai et qui aurait pour résultat de rendre manifeste la bonne harmonie des deux gouvernemens. On se plut à penser, chez nous, qu’après l’échange de lettres du 8 juillet, il n’y avait plus de place que pour une reprise des relations normales entre les deux pays. Si l’Allemagne avait, à ce moment, répondu à l’attente de la France, l’incident aurait été clos et la bonne volonté manifestée des deux parts aurait pu ouvrir, pour l’avenir, des perspectives nouvelles.
Telle ne fut pas l’attitude du gouvernement de Berlin. Les négociations pour la fixation du programme de la Conférence, qui auraient pu être rapidement menées à bien, puisque l’accord du 8 juillet paraissait en déterminer d’avance les points essentiels, traînèrent en longueur. En même temps, à Fez, le comte de Tattenbach déployait une étrange activité ; on pouvait se demander si les pourparlers qui s’éternisaient à Paris n’étaient pas destinés à couvrir ses démarches et ses exigences indiscrètes ; avec lui, le Maghzen, tout heureux de reprendre la politique de bascule qui est la sauvegarde des faibles, se montrait accommodant : on apprenait coup sur coup que M. de Tattenbach avait négocié un emprunt de dix millions de francs au profit des banques allemandes ; qu’il avait signé un contrat, au nom d’une maison allemande, pour la construction d’un môle à Tanger ; que, par tous les moyens, il s’efforçait de créer à l’Allemagne, au Maroc, une clientèle commerciale et politique. Une telle activité, au moment même où des négociations étaient pendantes à Paris, devenait alarmante : elle pouvait prêter à croire que l’Allemagne prenait goût au gâteau marocain et qu’elle cherchait, en définitive, à s’en faire attribuer la plus large part ; on en vint même à douter de la sincérité du gouvernement de Berlin dans
- ↑ Discours de M. Rouvier à la Chambre des députés, 8 juillet 1905.