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libre concurrence commerciale ; et non seulement nous l’avons affirmé, mais nous avons inscrit cet engagement dans notre convention du 8 avril avec l’Angleterre, — qui, on en peut être sûr, n’aurait jamais traité sans cette assurance, — et dans nos accords du 8 juillet et du 28 septembre avec l’Allemagne elle-même. Si le prince de Bülow revient sur ces argumens devant le Reichstag, c’est donc, il faut le croire, dans un intérêt de politique intérieure et il convient de voir surtout, dans son discours, le désir sincère qu’il a, comme l’Empereur son maître, de ne pas alarmer deux grands peuples pacifiques. D’ailleurs, l’intérêt même du commerce allemand, dont Guillaume II et ses ministres ont un si grand et si naturel souci, leur fait une loi de mettre fin, par les seuls moyens efficaces, à l’anarchie et à l’insécurité qui paralysent toute transaction au Maroc. Après la Conférence, si ses résultats sont tels que nous le souhaitons, la question des rapports franco-allemands, que les événemens de ces derniers mois ont ouverte, ne sera pas fermée, mais elle sera éclaircie, dégrevée du poids mort de la question marocaine ; et si le voyage à Tanger a inauguré, entre les deux pays, une pénible série de difficultés et d’incidens, pourquoi la Conférence d’Algésiras ne serait-elle pas l’origine de relations moins tendues et plus confiantes ?


RENE PINON