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REVUE LITTÉRAIRE

À L’AUBE DU ROMANTISME

L’époque la plus intéressante dans l’histoire d’un mouvement littéraire est celle de sa formation ; aussi les historiens du romantisme, dont nous voyons chaque jour le nombre s’augmenter, ont-ils soin de se placer non pas au lendemain de 1830 où l’école triomphe, mais aux environs de 1820, alors que ses futurs chefs et ses hérauts prochains hésitent, tâtonnent, et protestent surtout qu’ils ne sont pas romantiques. C’est ce que vient de faire M. Ernest Dupuy, dans un livre d’une lecture toujours agréable, qu’il intitule : la Jeunesse des romantiques[1], et où il étudie les origines de la poésie de Victor Hugo et d’Alfred de Vigny. À ces deux grands noms il nous permettra de joindre celui de Lamartine, qui, sans doute, ne fut pas à proprement parler un romantique, ayant été bien incapable de s’embrigader dans une école ou dans un parti, mais qui n’en a pas moins été l’initiateur de tout le lyrisme moderne. Et nous n’avons que l’embarras du choix parmi les publications récentes qui trouveraient leur place à côté du livre de M. Dupuy. Voici un essai — terriblement systématique — où M. Paul Marabail, qui est officier, traite de l’Influence de l’esprit militaire sur l’œuvre d’Alfred de Vigny[2], et ne craint pas d’affirmer que Vigny a été un grand écrivain parce qu’il a commencé par être un bon

  1. Ernest Dupuy, la Jeunesse des Romantiques, Victor Hugo et Alfred de Vigny, 1 vol. in-16 (Société française d’imprimerie et de librairie).
  2. Paul Marabail, De l’influence de l’esprit militaire sur l’œuvre d’Alfred de Vigny, 1 vol. in-8o (Groville-Morant).