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gargousses extrait de la soute. De tels accidens prouvent clairement que l’affaire était chaude et que des plaques de vingt ou trente centimètres n’auraient pas été inutiles, sur les murailles frappées. Personne ne songe à le nier. La conclusion vraiment instructive porte sur la différence, signalée plus haut, entre les navires à flottaison cellulaire et les simples protégés ; elle est donnée par l’aptitude au chavirement, dont ont fait preuve plusieurs croiseurs chinois après quelques coups reçus ; l’un de ces « protégés » a ainsi disparu, d’une manière foudroyante, au moment où il évoluait brusquement pour aborder, dit-on, le Yamato.

En 1904 et 1905, particulièrement le 27 mai dernier, les trois mêmes bâtimens ont fait bonne figure encore. Leur gros canon, modifié et muni d’un appareil de chargement moins imparfait, a même fonctionné beaucoup plus activement qu’au Yalou. Dans aucune action, ils n’ont souffert gravement. Ainsi se trouve confirmée l’assertion que la puissance défensive assurée par la tranche cellulaire est plus durable que la protection donnée par les plaques contre l’artillerie de perforation.

Le temps, que le Japon utilisait ainsi à se créer une flotte, fut employé, en France, à la construction de diverses sortes de croiseurs protégés, évidemment préférables aux frégates ou corvettes en bois, mais en recul très manifeste sur la puissance défensive du Sfax.

Sur les croiseurs dits de première et de deuxième classe, de cette époque, le défaut primordial, résultant de l’insuffisance du cloisonnement, a son excuse dans l’impossibilité, où l’on était alors, de déterminer les pertes successives de stabilité, conséquences de coups répétés reçus à la flottaison. La première méthode pratique pour établir la valeur de ces pertes, celle des expériences sur modèles décomposables, date de la fin de 1890. Elle a permis de mesurer immédiatement, d’un navire à l’autre, le degré comparatif du danger de chavirement, et de constater, par exemple, que le Tage et le Cécille sont, après deux ou trois coups reçus, dans la même situation que le Sfax après quatre ou cinq, et qu’une seule brèche a, pour le Davout, les mêmes conséquences que trois sur le Sfax.

Sur une troisième classe, celle dite des croiseurs-torpilleurs, la moins importante de toutes, l’expérience de modèle décomposable n’était pas nécessaire pour démontrer l’imminence du danger. Le cloisonnement avait été totalement supprimé. La