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Comme les monitors aussi, mais en opposition formelle avec les principes qui justifient à cet égard les monitors, les mêmes cuirassés avaient le can supérieur de leur ceinture, — c’est-à-dire le dessus de leur caisson blindé, — à un mètre environ au-dessus de la flottaison ; parfois même s’était-on contenté d’une hauteur de caisson très inférieure à celle des monitors. Or les monitors, qui n’éprouvent jamais des roulis étendus, reçoivent impunément une largeur supérieure de plusieurs mètres à la limite imposée aux cuirassés de forme ordinaire, par la crainte des roulis trop durs. Il résulte de là que la hauteur de caisson, suffisante pour assurer la stabilité des monitors, est insuffisante sur les cuirassés, sans l’appoint de la superstructure légère en prolongement de la muraille du caisson. Cet appoint est assuré en temps de paix ; mais il ne survit pas à la première phase d’un combat. Le cuirassé peut ainsi tomber dans une situation critique, bien que sa cuirasse soit restée intacte, ce qui, à une époque d’artillerie moyenne à tir rapide, diminue, dans une singulière proportion, l’importance du cuirassement et la valeur militaire des bâtimens qui en sont munis.

Considérons maintenant ce que devient la stabilité, quand la cuirasse est perforée, sans que le navire soit détruit. Il ne s’agit plus ici, bien entendu, que de la série de navires commençant au Brennus et mis en chantier à partir de 1890. Ces bâtimens ont reçu, comme correctif au premier des défauts signalés, un second pont blindé légèrement, qualifié du nom de pare-éclats et placé au-dessous du pont blindé principal, au can inférieur de la ceinture cuirassée. La hauteur de la ceinture restait la même que sur la série Magenta. Une tranche cellulaire se trouvait établie, à l’état rudimentaire, sans avoir été avouée ; pour juger de sa valeur, il faut maintenant, après avoir comparé le cuirassé avec le monitor, le comparer avec le croiseur à flottaison cellulaire.

Intact, le caisson protecteur des navires à flottaison cellulaire, qui s’élève au-dessus de la mer à plus du cinquième de la demi-largeur des bâtimens, suffit à lui seul à assurer, et au delà, leur stabilité contre tous les efforts extérieurs de chavirement qui peuvent être prévus. La perforation de la muraille met rapidement fin à cette situation favorable, en ouvrant des compartimens à la mer et en supprimant ainsi, pour ces compartimens, les forces hydrostatiques alternatives dont le balancement seul soutient les navires debout malgré la position élevée