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orientalistes que nous ayons eus en France et un excellent écrivain, faisait des traductions de vers arabes qui sont de véritables paraphrases. Néanmoins, l’adaptation de Galland demeure toujours assez voisine des textes. Nous ne connaissons pas, il est vrai, tous les manuscrits dont se servit Galland ; mais la Bibliothèque Nationale en conserve deux qui furent en la possession du traducteur et qui renferment une grande partie des Nuits. Il est aisé de se rendre compte, d’après ces témoignages, de la bonne foi de l’orientaliste et du degré d’exactitude de son interprétation. On s’était demandé si les contes dont on ne possédait pas le texte et au nombre desquels il s’en trouvait deux des plus populaires, Ali-Baba et les quarante voleurs, — Aladin et la lampe merveilleuse, n’étaient pas de son invention ; mais M. Zotenberg a découvert le texte d’Aladin, avec celui de Zeïn.el-Asnam ; quant au texte d’Ali-Baba, M. Chauvin notait encore, en 1901, dans sa Bibliographie des ouvrages arabes[1], qu’il n’avait pas été retrouvé ; cependant M. Mardrus a donné ce conte dans le tome XIII de sa traduction des Nuits, paru depuis cette date, ce qui revient à dire qu’il en a un texte entre les mains.

L’œuvre de Galland fut continuée en France par plusieurs sa vans qui, surtout au commencement du XIXe siècle, révisèrent et complétèrent la traduction des Nuits. Caussin de Perceval et Loiseleur Deslongchamps donnèrent, en 1806 et 1838, des éditions augmentées de nouveaux contes, accompagnées de notes ; Dom Chavis et Cazotte avaient publié aussi un supplément aux Nuits en 1788, dans le Cabinet des Fées. L’Angleterre eut l’édition illustrée de Forster en 1802 ; celle de Lane, illustrée par William Harvey, 1839-41 ; la grande édition de Payne, faite pour la Société Villon, qui contient trois fois autant de matière que celle de Galland, 1882 ; et celle du célèbre voyageur R. Burton, 1885-88, également faite par souscriptions, accompagnée de nombreuses notes pour lesquelles l’éditeur a été aidé par divers savans, dont plusieurs français. L’Allemagne a eu l’édition de Habicht, en quinze volumes, 1825, faite d’après Galland et ses continuateurs français, et augmentée de contes fournis par un manuscrit de l’unis ; et l’édition de Weil, illustrée par Gross, 1837-1841. Von Hammer et Zinserling avaient donné, en 1823-24,

  1. La partie de cette Bibliographie consacrée aux Mille et une Nuits, est considérable et au-dessus de tout éloge. M. Chauvin est aussi l’auteur de nombreuses monographies des contes.