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ESSAIS ET NOTICES

LES ÉPOQUES DE LA COMÉDIE DE MOLIÈRE

Un jeune professeur de l’Université de Montpellier, M. Emile Martinenche, à qui nous devions un bon livre sur la Comedia Espagnole en France, depuis Hardy jusqu’à Racine, a publié tout récemment sur Molière et le Théâtre Espagnol (Paris ; 1906 ; Hachette] un volume dont le titre indique assez clairement l’objet. « C’est le rôle du théâtre espagnol, — nous dit-il, — dans l’œuvre de Molière, c’est-à-dire dans la création de notre comédie classique, que je me propose de mettre en lumière... » Et son livre est d’abord la preuve qu’on est loin d’avoir encore tout dit sur Molière. Il pourrait l’être aussi qu’en France, depuis une cinquantaine d’années, nous avons un peu négligé l’étude de la littérature espagnole...

Mais, ce n’est pas ce qui s’y trouve de renseignemens sur une grande littérature que j’en voudrais ici retenir, ni même ce qui regarde les imitations que Molière a pu faire d’Antonio Hurtado de Mendoza ou de dona Maria de Zayas y Sotomayor. Il en sera temps quand aura paru sur le même sujet le livre que prépare un critique hongrois, M. Guillaume Huszar, dont nous signations naguère, ici même, une étude fort intéressante sur Corneille et le Théâtre Espagnol. L’occasion paraîtra toute naturelle alors de reprendre cette question si controversée de l’ « invention dans l’art, » qui d’ailleurs se posait à peine du temps de nos classiques, et qui les eût un peu étonnées. Se rappelle-t-on, à ce propos, une phrase, devenue proverbiale de