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Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 31.djvu/308

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réserve. Chacune de ses trois sections qui originairement dépendaient des trois bataillons de son régiment combattait avec de larges intervalles entre elles. Leurs chaînes de tirailleurs, approvisionnées à trois cents cartouches par homme, composées de bons tireurs instruits par l’expérience, savaient utiliser le terrain et manœuvrer au signe. Cette troupe désignée sous le nom de commando, comme chez les Boers, a lutté avec avantage à Vafangou les 14 et 15 juin, contre des forces supérieures, sans éprouver de pertes sérieuses et, quoiqu’elle fût montée avec des chevaux de petite taille et peu résistans, elle s’est montrée supérieure à la plupart des escadrons de cavalerie.

« Le problème difficile était donc d’obtenir des renseignemens. Les patrouilles se heurtaient partout à de l’infanterie ou à de la cavalerie pied à terre. S’élancer avec une colonne plus ou moins forte, pour forcer la ligne sur un point reconnu favorable, était une entreprise si dangereuse qu’elle était irréalisable. Elle aurait presque infailliblement amené la perte de cette colonne, bientôt resserrée entre les mailles du réseau. Quelques essais heureux amenèrent bientôt le général Samzonoff à constater que des isolés pénétrant par un ou par deux, jusqu’au centre des lignes ennemies, lui rapportaient les renseignemens les plus exacts. La composition de ses troupes lui permettait de trouver facilement des volontaires résolus et expérimentés et ceux qui partirent ainsi, revinrent rapportant pour la plupart de bons renseignemens. Quant au contact du rideau de l’ennemi, il était pris par des patrouilles de découverte fortes de 12 à 15 cavaliers partant le soir et traversant la ligne des vedettes pendant la nuit. Ce service se complétait par des espions chinois recrutés dans les villages par les interprètes. » Mais un système d’espionnage organisé ainsi, au dernier moment, n’a qu’une valeur très faible.

Les différens modes d’activité de la cavalerie rentrent dans l’une des catégories suivantes : renseignemens, attaque des communications, rôle dans la bataille. Nous venons de voir ce que la cavalerie russe a pu faire au point de vue des renseignemens ; examinons maintenant son action sur les lignes de communication de l’ennemi. Depuis la guerre de Sécession, ces sortes d’opérations sont désignées sous le nom de « raids. »

Après la bataille de Chaho-pou, terminée le 21 octobre par une défaite, les Russes s’étaient repliés sur Moukden. L’armée